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qui semblaient se regarder comme frustrés par ma générosité.

Trois ou quatre marches, dont la dernière à travers les bois, nous amenèrent enfin dans le vaste et fertile district de l’Ounyanyembé, au centre de l’Ounyamuézi (Terre de la Lune), et à cinq milles de Kaseh[1], où se trouve actuellement le grand dépôt central de la traite et du commerce d’ivoire. Mes pertes, à cette date (23 janv.), peuvent se résumer comme suit : un Hottentot mort, et cinq qui ont rebroussé chemin ; un des volontaires indigènes renvoyé avec les Hottentots ; un autre chassé du camp après un châtiment ignominieux ; sur les trente-six portefaix du sultan Majid, vingt-cinq nous ont faussé compagnie, et des cent-un pagazi engagés à Zanzibar, quatre-vingt-dix-huit ont déserté ; douze mules et trois ânes ont péri. On m’a volé en outre plus de la moitié des marchandises dont je m’étais muni, et, par suite de la famine qui désolait toute la région par moi traversée, la dépense du voyage a dépassé de beaucoup ce que je pouvais et devais prévoir.

Campement dans l’Ougogo. — Dessin de A. de Bar.

N’importe : au prix de tous ces inconvénients et après quatre mois de fatigues, la première partie de notre expédition est achevée. Nous quitterons désormais les routes où d’autres ont mis le pied avant nous, pour marcher à de véritables découvertes.

Traduit par E. D. Forgues.

(La suite à la prochaine livraison.)



  1. Kaseh, par 5°0’52" de latitude sud, et 30°40’10’ de longitude est ; ce nom, à proprement parler, est celui d’une source située au centre du village de Tabora, dont les marchands arabes ont fait leur principal dépôt d’esclaves et d’ivoire.