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Le 17, à sept heures du matin, nous nous dirigeons vers les ruines de Sardes, situées à une heure et demie de Salikli. Depuis hier, nous foulons aux pieds cette Lydie qui, personnifiée dans Crésus son plus grand roi, est restée comme un symbole de la richesse. Malgré l’or du Pactole, malgré la fertilité des vallées qu’arrosent le Méandre et l’Hermus, elle connut peu de jours heureux, et fut jadis ce que les plaines non moins fortunées de la Lombardie ont été dans les temps modernes, le champ de bataille des nations.
Les ruines de Sardes sont presque effacées : prise de vive force, incendiée, pillée sept fois au moins par les Scythes, les Perses, les Grecs, les Goths, les Sarrasins ; ébranlée jusque dans ses fondements lors du grand tremblement de terre qui, sous le règne de Tibère, désola toute l’Asie Mineure ; elle a été enfin, en 1402, l’objet d’une dévastation si complète de la part des soldats de Tamerlan, qu’elle n’a jamais connu depuis lors d’autres habitants que les Yourouks, installés sous leurs tentes au milieu de ces ruines[1].
À l’exception des deux magnifiques colonnes[2], reste