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chacun trois ouvrières qui travaillent à la main dans leurs maisons. La population s’élève à quinze mille âmes au moins, dont les chrétiens forment le tiers ; l’industrie et le commerce sont pour ainsi dire exclusivement dans leurs mains ; je fus frappé des bons rapports et de la familiarité qui semblaient régner entre le mudir et les principaux d’entre eux.

La poste ne fait le transport des lettres entre Ouschak et Smyrne qu’une fois la semaine, le trajet est de plusieurs journées, et l’on sait qu’en Turquie les lettres ne sont jamais distribuées à domicile ; on doit se rendre au bureau pour y réclamer soi-même les dépêches que l’on attend ; celles qui ont été expédiées à l’insu des destinataires courent grand risque de ne leur parvenir jamais.

Ouschak semble occuper l’emplacement de l’ancienne Acmonia, mais cela n’est pas bien prouvé ; quoi qu’il en soit, on y rencontre beaucoup de marbres sculptés, paraissant provenir de tombeaux, et qui maintenant ornent les fontaines. On en trouvera ici un spécimen. J’eus grand-peine à prendre cette photographie au milieu d’une population curieuse, mais docile heureusement, et que les zaptiés purent contenir un instant.

Ouschak (ancienne Eucarpia) : Maison construite avec des débris de monuments funéraires antiques.

Le 14, après être restés à Ouschak une partie du jour, nous partons vers midi accompagnés de deux négociants grecs qui ont demandé à voyager de concert avec nous jusqu’à Smyrne. Nous allons coucher à Takmak, pauvre village de trente maisons, situé à l’extrémité d’un très-haut plateau dont la surface ondulée est couverte de sable, de galets, de blocs trachytiques. On dirait le fond d’une ancienne mer. Les seuls habitants de ces solitudes sont quelques yourouks campés au milieu de leurs troupeaux. Belle vue au soleil couchant, sur toute la partie occidentale de l’Asie Mineure, jusqu’à l’Ida.

Nos chevaux ont marché bon train, mais la distance