Page:Le Tour du monde - 08.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bre. Malgré mon intention bien arrêtée de ne passer dans cette vieille capitale que le temps nécessaire pour échanger une poignée de main avec le bon P. Larnaudy, qui se trouvait alors au milieu de sa petite chrétienté, cependant j’y fus retenu plusieurs jours par l’attrait inattendu que m’offrit un des épisodes les plus curieux de l’inondation.

Construction élevée pour les funérailles de la reine[1]. — Dessin de H. Catenacci d’après une photographie.

Les éléphants abondent dans les forêts et les jungles qui entourent Ajuthia ; ils y vivent, non pas tout à fait à l’état sauvage, mais dans cette espèce de liberté dont jouissent les chevaux et les bœufs de la Camargue, et les buffles des Marais-Pontins. Tous sont la propriété du souverain, et c’est un crime que d’en tuer ou d’en blesser un, même surpris en flagrant délit de déprédation. Une fois par an seulement, on les traque officiellement pour en amener le plus qu’on peut dans le kraal, ou parc construit pour eux près d’Ajuthia, et qui forme le dépôt de remonte le plus vaste et le mieux organisé du royaume.

C’est un grand quadrilatère, fermé de deux enceintes concentriques et parallèles. La première, ou l’intérieure, est en maçonnerie de deux mètres d’épaisseur ; la seconde se compose d’une palissade en troncs massifs de teck, ou ciste des Indes, profondément enfoncés dans le

  1. Cette planche représente l’appareil des funérailles de la reine de Siam, celle dont nous avons donné le portrait. Elle mourut dans l’automne de 1861, à peu près à la même époque que M. H. Mouhot et pendant que les ambassadeurs siamois se trouvaient en Europe. La cérémonie funèbre n’eut lieu que six mois plus tard, ce long délai ayant été tout entier absorbé par les préparatifs. Enfin, le 15 avril 1862, le corps de la défunte, placé sur un char flanqué de talapoins chantant des hymnes palis, et escorté de soldats marchant nu-pieds, mais costumés tant bien que mal d’uniformes anglais et français, fut traîné par des Siamois vêtus de blanc,