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entières d’obéissance, rejetant tous leurs torts sur les hommes que nous avions faits prisonniers, et dont les oasis avaient subi l’influence. Chacune de ces oasis avait encore ses souvenirs récents de la dernière commotion produite par le chérif Mohamed-Ben-Abdallah. À Rouissat nous visitâmes les ruines de l’ancienne Casbah du chérif ; c’est à Hadjadja que les chefs de la petite cité avaient forcé la djemâa à lui offrir le drapeau de guerre sainte que Si-Bou-Beker enleva le jour de la capture de cet agitateur. En face de Aïn-Ameur, nous retrouvâmes encore les squelettes des animaux tués dans le combat livré au chérif sous les murs de cette oasis ; enfin à N’goussa nous fûmes accueillis avec l’esprit d’orgueil d’une cité qui a résisté aux sommations de l’ennemi et dont l’énergie a été couronnée de succès. Cette dernière excursion mérite une mention particulière.

Le ksar El-Hadjadja. — Dessin de M. de Lajolais.


XII

Des sept oasis qui font partie du district d’Ouargla, N’goussa est la plus importante ; elle est aussi la plus éloignée du chef-lieu, dont la sépare une distance de cinq à six lieues, tandis que les palmiers des autres sont contigus à ceux d’Ouargla. N’goussa était autrefois comme Ouargla un royaume, et si notre mémoire ne nous fait pas défaut, le nom du royaume de Négusse eut jadis, même en Europe, une celébrité dont Yvetot pourrait se montrer jaloux. Quoi qu’il en soit, cette cité a eu l’honneur d’imposer plusieurs fois ses souverains à Ouargla. La dynastie des rois de N’goussa avait des droit héréditaires. Le domaine de la couronne se composait de douze jardins, de douze mille palmiers et d’un palais encore occupé par l’ancienne famille régnante. Cette famille est celle des Babia. Elle est de race nègre pur sang, comme tous les habitants de N’goussa. Les privi-