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traces de son passage, et sa première étape, en partant de Metlili, fut marquée par sa suite au moyen de pierres en nombre considérable, que les passants non-seulement respectent depuis cette époque, mais augmentent encore en jetant chacun au passage un caillou sur le tas.

Le 11, notre campement fut installé sur des dunes de sable, riches en drinn et bois. Nos animaux de transport non-seulement purent se repaître, mais leur couchage moelleux les reposa bien.

Nous eûmes ce jour-là vingt chameaux à remplacer.

Jeune femme de Metlili. — Dessin de M. Alfred Couverchel.

Dès deux heures du matin, le signal du lever fut donné. Ce n’est point un spectacle ordinaire que le départ d’une caravane ; la scène est pittoresque et remplie d’un charme sauvage pour le voyageur qui se trouve, comme nous, forcément mêlé à l’action. Ce sont d’abord les feux qui s’allument de toutes parts : on assure les bâts qui se seraient dérangés pendant la nuit par le vautrage des animaux ; cette opération est le début des grognements des chameaux. Le chargement commence ensuite, pendant que les tentes s’abattent, que le café chauffe et que l’on selle les chevaux. Tout le monde est alors occupé, et un tohu-bohu général en est la conséquence. Les chameaux font un vacarme horrible par leurs cris ; les chevaux hennissent, quelques-uns se détachent. Les guides viennent prendre les ordres. Les chameliers chefs viennent rendre compte des petites misères qui leur arrivent : c’est un chameau fatigué qui ne veut pas se lever, et pour lequel il faut un rechange ; c’est un chameau qui a eu peur, a pris la fuite en semant sa charge, et qu’il faut retrouver ; quelques disputes ont lieu, et il faut les réprimer. Les ordres multiples se succèdent et sont portés par des cavaliers qui passent au galop, le burnous flottant, au milieu de ce désordre. Bientôt cependant on distingue des masses noirâtres qui commencent à se mouvoir : ce sont les premiers groupes du convoi qui sortent du camp pour se masser ; les guides les attendent et commencent la marche. Le calme renaît peu à peu, et bientôt il ne reste plus que les retardataires, que l’on presse. Quand tout est parti, les chefs du goum viennent faire leur rapport et prendre les ordres pour la route. Enfin la cava-