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Intérieur d’un harem. — Dessin de Mettais d’après le tableau de Mme Henriette Browne.


MŒURS TURQUES.




I

LES FEMMES TURQUES, LEUR VIE ET LEURS PLAISIRS.


PAR M. F. JÉRUSALÉMY.
1862. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.




On se fait, chez les nations de l’Occident, une bien fausse idée de la condition des femmes turques, et on leur applique volontiers cette exclamation de Diderot : « Femme, que je te plains ! » On se les imagine victimes de la tyrannie ou de la jalousie maritale, condamnées pour la vie à la réclusion dans de tristes appartements, gardées à vue par d’épouvantables moricauds armés de bâtons et de fouets, sevrées de plaisirs et de distractions, privées de toute société extérieure, réduites, en un mot, à ne voir d’autres figures humaines que celles de leurs compagnes de réclusion, souvent leurs rivales, et celle plus ou moins rébarbative de leur « seigneur et maître. »

Que de fois n’avons-nous pas entendu des dames parisiennes plaindre charitablement le sort de leurs sœurs de Constantinople, et maudire la force, personnifiée dans le mari turc, opprimant la faiblesse résignée, sous la figure de ses femmes. Touchante compassion, noble indignation, qui prouvent la justice et la bonté de vos cœurs, mesdames, mais qui n’ont pour origine qu’un préjugé ! Oui, vraiment, un préjugé, car nous doutons qu’il y ait en Europe un pays où les femmes, désœu-