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tone, qui nous rappela les vieux airs bretons. Ce n’étaient plus les noires enfants du Dahomey ; c’étaient les belles filles de l’antique Grèce, ou de la voluptueuse Asie, qui charmaient nos yeux : on devait danser ainsi aux fêtes de Diane, ou à la cour des satrapes persans. J’avais vu bien des fois les danses et entendu les chants des diverses peuplades nègres dont c’est le principal divertissement, mais je n’avais jamais rien rencontré de comparable, même de bien loin, à ce que nous avions sous les yeux. Nous en étions tellement surpris et enchantés que le capitaine ne put s’empêcher de faire complimenter les jeunes danseuses par notre interprète.

Ces danses achevées, le cambodé réclama le silence en agitant sa sonnette, et l’une des favorites, quittant sa place, s’avança vers le peuple, soutenue par deux jeunes esclaves. Elle annonça que le roi allait faire distribuer à tout le monde des vivres et des rafraîchissements. Un hourra formidable salua cette agréable communication. Tandis qu’une longue file d’esclaves sortait du palais portant sur la tête des calebasses pleines de victuailles de toute nature, chacun des cabeceirs, faisant l’appel de ses hommes, leur distribua ces vivres dont ils avaient grand besoin, et qu’ils consommèrent sur place sans quitter les rangs. Quatre énormes dames-jeannes d’eau-de-vie, apportées aussi du palais, furent distribuées et vidées en un clin d’œil. Nous ne fûmes pas oubliés, et le roi nous envoya, par un de ses chefs, des biscuits américains, du sucre, des liqueurs et du rhum.

Soldat du Dahomey.

Le silence régnait au milieu de tout ce monde occupé à réparer ses forces. Le méhou en profita pour faire une allocution aux guerriers. Il leur répéta ce que le minghan avait déjà dit au peuple pendant notre première audience : « que de grands guerriers d’un pays lointain,