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que le roi buvait, le visage voilé, la multitude fit entendre une sorte de houhoulement modulé, produit par l’application intermittente des doigts sur les lèvres. Un autre toast fut porté à la santé de l’Empereur et suivi des mêmes manifestations.

Bientôt le cambodé fit tinter la sonnette pendue a son cou, réclama le silence par le mot plusieurs fois répété de Dinaba (taisez-vous), et quand il l’eut obtenu, l’un des chefs, sur l’ordre du roi, répéta à très-haute voix le discours du capitaine Vallon. D’unanimes et bruyantes acclamations, parmi lesquelles on distinguait le nom plusieurs fois répété de Vallon, suivirent cette communication, et nous firent penser que l’orgueil national des Dahomyens était flatté de voir la renommée de son roi amener de si loin des ambassadeurs.

Le roi Ghezo et le prince royal Bâhadou.

La conversation devint ensuite plus intime. Le roi fit demander à chacun de nous notre nom et nos grades. En apprenant que j’étais médecin, il me pria de lui donner des remèdes pour le cas où il tomberait malade. Il avait grande confiance, me dit-il, dans la science des médecins blancs, car l’une de ses femmes avait été guérie, il avait déjà bien longtemps, par des poudres qu’elle tenait d’un médecin européen. Je lui promis de lui en envoyer dès que nous serions de retour à bord du Dialmath. Il fit ensuite apporter, pour nous les montrer, de très-belles armes des manufactures anglaises et françaises : parmi ces dernières, une boîte de pistolets magnifiquement damasquinés, portant le nom de Devismes, et une carabine à la marque de Saint-Étienne. Puis il fit étaler de riches étoffes de velours et de soie, quelques pièces de ces anciens et splendides damas brochés d’or et d’argent, des bijoux, des cristaux, enfin toutes ses richesses qu’il prenait grand plaisir à nous voir admirer.

Cependant la journée s’avançait : nous étions fatigués,