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de soie et d’ornements d’or ou d’argent ; bracelets aux jambes, pendants d’oreilles, anneaux, colliers et ceintures de verroteries et de corail ; enfin, debout, derrière le fauteuil royal, trois ou quatre favorites et la générale en chef de la garde féminine, qui se distinguait par ses armes, sa tournure martiale, ses nombreux grigris de guerre, et enfin, signe distinctif de son grade, par plusieurs queues de cheval attachées à sa ceinture et ondulant sur ses hanches puissantes au moindre de ses mouvements.

Devant le roi, sur les marches de l’autel où l’on avait placé son fauteuil, étaient à genoux son fils aîné et les principaux ministres, excepté pourtant le premier de tous, qui réunit entre ses mains, comme nous dirions en France, les portefeuilles de l’intérieur et des affaires étrangères : on l’appelle le méhou. Il était retenu chez lui par une indisposition que son grand âge (il doit avoir au moins quatre-vingts ans) lui faisait une loi de ne pas braver. Nous aurons bientôt occasion de parler de lui ; disons d’abord quelques mots des autres.

Le fils aîné du roi, le prince Bâhadou, héritier présomptif, est un homme de quarante à quarante-cinq ans, grand, vigoureux, d’une teinte de peau très-claire presque cuivrée, particularité que j’ai observée plusieurs fois, notamment chez une des plus jolies femmes du sérail, sans savoir à quelle cause l’attribuer. D’un caractère froid et même un peu sombre, le prince Bâhadou m’a paru d’une intelligence bien inférieure à celle de son père, et beaucoup moins désireux que lui de voir la civilisation et les usages des blancs pénétrer dans ses États. Il appartient, ainsi que le méhou, qui en est la tête, au parti de la résistance, à ce qu’on appellerait ailleurs, en Turquie par exemple, le vieux parti national.

PLAN D’ABOMEY. — Dressé par M. Répin.
A Pont et porte de la ville en venant de Cana. — B La grande place. — C Palais du roi ; cour entourée de galeries pour les réceptions officielles. — D La case des sacrifices, sur la grande place. — E, E, E Portes du palais du roi. G Les cases, irrégulièrement placées, dans lesquelles logent les amazones. K, K, K Fossé et muraille entourant la ville. — M Maison du méhou. — N Case de la mission dans la maison du méhou. — O Case de la favorite du roi, où il recevait en audience familière. — P, P’ Grandes places plantées d’arbres, où se tiennent les marchés. — R, R, R, R Dédale de petites rues et ruelles bordées par les murs des habitations. — S Cases des femmes du roi. — T Chemin de la maison du prince Bâhadou. — V Route de Cana à Abomey.

Parmi les principaux chefs présents, l’interprète nous désigna :

1o Le minghan, à la fois ministre de la justice et exécuteur des jugements sans appel que prononce le roi. Il marche toujours armé d’un long sabre dont la lame élargie à son extrémité et rendue plus pesante encore par un ornement bizarre, une sorte d’oiseau, qui la surmonte, doit abattre facilement une tête d’un seul coup.

2o Le cambodé, sorte de chambellan chargé de maintenir l’ordre dans les cérémonies, et d’imposer silence aux assistants au moyen d’une clochette aplatie qu’il