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Vers trois heures, malgré une chaleur étouffante, nous quittâmes Allada. En sortant de la ville, sur le bord du chemin que nous suivions, je remarquai, à demi cachés dans l’herbe, quarante ou cinquante vieux canons de fer de divers calibres. Ils proviennent sans doute des anciens établissements européens de Xavi, détruits, comme nous l’avons dit plus haut, par le roi de Dahomey, Guadja-Truda, dans le courant du siècle dernier.

Fétiches du Dahomey. — Dessin de Foulquier d’après M. Répin.

Après une heure de marche au milieu d’une plaine bien cultivée, nous entrâmes de nouveau dans les grands bois, et à cinq heures nous faisions halte auprès d’une case royale, bâtie dans une clairière. On appelle case royale une espèce de caravansérail destiné à loger le roi et sa suite, quand il lui plaît de voyager. Il en existe de semblables sur un grand nombre de points, et elles ne diffèrent des autres habitations que par leurs dimensions et le soin avec lequel on les entretient. Mais tel est le respect de ces peuples pour l’autorité royale, que personne, grand ou petit, ne passe devant la porte d’une de ces cases sans se prosterner et se couvrir la tête de poussière, comme en présence du souverain lui-même.

Pendant qu’assis devant la porte de la case royale, à l’ombre des grands arbres, nous goûtions quelque repos, le racadère amena devant nous un des nègres porteurs de bagages. Ce malheureux, chargé d’une dame-jeanne d’eau-de-vie, l’avait laissée tomber et se briser, et le racadère venait le mettre à la disposition du capitaine pour qu’il fût châtié. M. Vallon voulait le tenir quitte pour une vive semonce : ce fut en vain : le racadère n’entendait pas ainsi la discipline. Il fit mettre le coupable à genoux devant nous, et commença à lui appliquer sur les épaules de vigoureux coups de bâton. Ce ne fut qu’au douzième qu’il céda à nos instances, et consentit à s’arrêter : sur son ordre le pauvre diable fustigé vint remercier le capitaine Vallon de sa clémente intervention. Il courut ensuite, et beaucoup plus allégrement que je ne l’aurais cru, reprendre son poste dans l’escorte.

Vue d’une case de féticheur à Toffoa. — Dessin de Foulquier d’après M. Répin.

Cependant le temps était devenu très-menaçant. L’horizon chargé de nuages, la pesanteur de l’atmosphère et même quelques sourds grondements faisaient prévoir un de ces terribles orages qu’on appelle en Afrique tornades. Nous partîmes à la hâte ; mais malgré la rapidité de

    Saint-Hilaire ; vespertilio nygliceus des classificateurs modernes. Voici la description détaillée qu’en donne un voyageur anglais, qui, si suspect qu’il soit, à bon droit, au point de vue de la géographie réelle et des itinéraires indiqués par lui, n’en a pas moins résidé longtemps sur la côte et dans l’intérieur du Dahomey : « … J’ai remarqué deux espèces de chauves-souris vampires : l’une à Accra et dans quelques autres localités du littoral, l’autre à Wydah et à Abomey ; elles diffèrent de taille, d’apparence et