Page:Le Tour du monde - 07.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous ne fûmes pas aussi maltraités par la Barre de Wydah. La pirogue s’était remplie plusieurs fois, mais sans chavirer, si ce n’est au moment même où, portés par la lame, nous touchions le rivage. Nos bagages seulement furent roulés par la vague ; mais, grâce aux barriques bien étanches qui les renfermaient, la mer nous les rendit intacts.

Passage de la Barre devant Wydah. — Dessin de E. de Bérard d’après M. Répin.

L’un des employés de la maison Régis nous attendait avec des hamacs installés en forme de palanquins.

Après avoir changé d’effets, nous y montâmes ; et, en moins d’une demi-heure, nos vigoureux porteurs nous eurent fait traverser la plaine marécageuse qui sépare Wydah de la mer ; nous étions dans la seconde ville du royaume de Dahomey.


II

Quelques mots sur le royaume de Dahomey. — Description de Wydah. — Le fort Français. — Le temple des serpents fétiches. — Le marché.

Le royaume de Dahomey est, après celui d’Aschantie, l’État le plus puissant de la côte occidentale de l’Afrique. Borné à l’ouest par l’Aschantie, à l’est par le Yarriba, au sud par le golfe de Benin, il est limité au nord par la chaîne de Kong, et étend peut-être son influence jusqu’au Niger, dont les Dahomeyens paraissent connaître l’existence. Ils estiment à huit ou dix journées de marche la distance qui sépare Alboney, leur capitale, des monts de Kong, c’est-à-dire soixante à soixante-dix lieues. D’autre part, on compte d’Albomey à Wydah environ cinquante lieues, ce qui donne un total de cent dix à cent vingt lieues du nord au sud. De l’est à l’ouest, c’est-à-dire du pays de Yarriba à celui des Aschantis, la distance est d’à peu près soixante lieues. On aurait ainsi pour la superficie du royaume de Dahomey de six mille six cents à sept mille lieues carrées.

Bien qu’il me soit impossible d’établir, d’une façon même approximative, le chiffre de la population, je ne crois pas m’éloigner beaucoup de la vérité en la portant à sept à huit cent mille habitants. Le nombre et l’importance des villages que nous avons traversés, la quantité considérable de guerriers et de peuple rassemblés à Abomey pendant les fêtes que le roi nous y donna, dénotent au moins ce chiffre. Il n’y a guère plus d’un siècle que le royaume de Dahomey a pris toute cette importance, par la conquête des royaumes voisins d’Ardra, de Jaquin et de Wydah, autrefois indépendants. Les anciennes relations de voyages rapportent que, vers 1730, le roi de Dahomey, Guadja-Truda, ayant à se plaindre de celui de Widah, envahit ses États et s’en empara. La ville de Sabi ou Xavi, située à quelques milles au nord de Wydah, était à cette époque la rési-