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cause de ma déconvenue), en décrivant toutes les espèces de voyageurs, en a cependant oublié une, celle des voyageurs en chambre, et c’est de celle-là que j’aurais dû me défier. Ces voyageurs, en effet, ne voyageant pas, sont comme les moutons de Panurge : il suffit que le premier s’embourbe pour que tous les autres s’embourbent à qui mieux mieux, et à propos de Rouad, c’est, il faut le dire, Volney qui a commencé. « Aujourd’hui, dit-il, l’île est rase et déserte. » Volney ne l’avait pas vue ; il n’en dit qu’une phrase ; cette phrase contient deux erreurs, ce n’est pas trop. Après lui vient Laorty-Hadji, un bon Français, je crois, qui ne voit pas Rouad non plus, mais qui lit l’ouvrage de Volney. « Dans cette île, dit ce nouvel auteur, où, suivant Strabon, florissait une magnifique cité, aujourd’hui on ne trouve même pas de débris de ville… les maisons, bâties à plus d’étages qu’à Rome même, n’ont pas gardé un seul mur debout… tout cela n’existe plus… : il n’y a sur le même lieu qu’un écueil ras et désert. » La phrase de Volney a servi de texte et de prétexte à ces tirades. Voici maintenant comment s’exprime M. David, orientaliste, en décrivant Rouad, dans la collection, si précieuse d’ailleurs, de l’Univers pittoresque : « Ne quittons pas le rivage de Tortose sans regarder en mer ce vaste roc qui fut la république d’Aradus, et qui n’est plus qu’un immense écueil. Jamais disparition de cité n’a été plus générale, jamais

Kalat-el-Hosn (p. 56, 57). — Dessin de A. de Bar d’après une photographie de M. G. Hachette.