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comme chez les Perses, l’emblème du Dieu suprême est une figure sortant d’un cercle ailé.


Les résultats nouveaux acquis pour l’histoire.

C’est surtout par leur signification historique que les bas-reliefs des palais assyriens, ainsi que les inscriptions qui les accompagnent, se recommandent à l’étude des archéologues. Sans donner encore à beaucoup près les moyens de restituer toute la série de l’histoire assyrienne, les monuments rapportés depuis vingt ans des bords du Tigre et du bas Euphrate n’en ont pas moins une immense valeur pour la restitution partielle de plusieurs de ces périodes. Ils ne confirment pas seulement d’une manière éclatante l’exactitude des annales du peuple juif en ce qu’elles nous apprennent des empires de Ninive et de Babylone ; ils y ajoutent de nombreux détails, et ils renferment de précieuses données qui permettront tôt ou tard de reconstituer, au moins en partie, l’état politique en même temps que l’état géographique de l’Asie occidentale, pour des époques de beaucoup antérieures aux plus anciennes informations des historiens grecs.

Détails d’ornements, et tête de cheval en bas-relief (musée du Louvre). — Dessins de Catenacci.

Ce qu’il importe d’abord de bien constater, c’est l’époque même des inscriptions. Toutes celles que jusqu’à ce jour on a déterrées en Assyrie proviennent presque exclusivement des trois localités principales, Khorsabad, Nimroûd et Koïoundjik, explorées par M. Botta et par M. Layard. Or, plusieurs des princes auxquels ces inscriptions appartiennent sont connus par des synchronismes de l’histoire sainte, et le temps où ils ont vécu se renferme dans l’espace de trois cents ans environ, depuis le dixième siècle avant l’ère chrétienne (vers 930) jusqu’au milieu du septième siècle. Une seule remonte et une époque plus ancienne que les précédentes : c’est l’inscription de Tiglath-Pilésèr, gravée sur un cylindre trouvé dans les ruines de Kalah Cherghât, ainsi que nous l’avons dit précédemment, inscription qui est devenue fameuse par les quatre traductions simultanées qui en ont été faites en 1857, à l’occasion d’une grande épreuve à laquelle on a voulu soumettre la science du déchiffrement des cunéiformes. Cette épreuve solennelle à laquelle prirent part, sans aucune entente préalable, les quatre assyriologues les plus éminents de l’Europe, M. Rawlinson, M. Hincks, M. Talbot et M. Oppert, a fait voir, par une irrécusable démonstration, que l’interprétation des textes assyriens repose sur une base sûre et déjà suffisante pour en établir le sens général et les détails essentiels avec une complète certitude ; et en même temps elle a fait entrer dans le domaine historique un des documents les plus précieux que nous aient livrés les fouilles assyriennes. Le Tiglath-Pilésèr de l’inscription n’est pas celui de la Bible. Celui-ci vivait au milieu du huitième siècle (il emmena captifs en Assyrie, une partie des Juifs d’Israël, vers l’année 740) ; le premier, d’après des recherches et des considérations que nous ne pouvons développer ici, mais que nous avons lues, il y a dix-huit mois, au sein de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et qui sont imprimées dans un de nos recueils archéologiques, doit être de deux siècles et demi plus ancien. Tout récemment, une seconde inscription du même prince a été découverte dans un des sites du territoire ninivite ; mais cette inscription n’est pas encore publiée, et nous ne saurions dire si elle apporte quelques lumières aux questions que la première a soulevées.

L’inscription de Tiglath-Pilésèr peut marcher de pair, en raison de son importance, avec celle de Darius Hystaspès, gravée sur les rochers de Bisoutoun. Nous allons en donner une rapide analyse.

Le roi, selon l’usage, débute par une invocation aux grands dieux du pays d’Assour. Lui-même y prend une longue suite de titres, qui nous fait connaître les formules d’une chancellerie asiatique mille ans avant notre ère : « Tiglath-Pilésèr, le puissant roi, le roi suprême