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Bas-relief du rocher de Bisoutoun. — Dessin de Thérond d’après sir Henry Rawlinson.


NINIVE,

PAR M. VIVIEN DE SAINT-MARTIN.
1844-1860. — TEXTE INÉDIT.




Esquisse de l’ancienne histoire de la Babylonie, de l’Assyrie, de la Médie et de la Perse.

L’Orient est la terre des origines ; c’est aussi la terre des vieux souvenirs. C’est dans les chaudes régions de l’Asie, dans les pays aimés du soleil, que l’humanité a conçu le premier sentiment de sa valeur et de son avenir ; c’est là que l’homme a secoué ses langes et fait ses premiers pas ; c’est là qu’en face d’une nature splendide il a balbutié son premier hymne de reconnaissance et d’amour pour l’ordonnateur inconnu des merveilles de l’Univers. Les contrées de l’Occident étaient plongées encore dans une nuit profonde ; nos premiers ancêtres, et les ancêtres de tous les peuples de l’Europe, les Ibères, les Celtes, les Germains, les Pélasges, erraient inconnus et à demi sauvages au sein de leurs forêts ; de longs siècles devaient s’écouler avant que la ville de Romulus s’élevât au sein des tribus latines et que la vie des temps héroïques commençât pour les Hellènes, et déjà l’Asie, couverte de villes innombrables, avait vu se former de puissants empires ; de grandes nations s’y montraient dans tout l’éclat d’une civilisation avancée. Dominatrices superbes des pays qu’arrosent l’Euphrate et le Tigre, deux métropoles, Babylone et Ninive, brillaient au premier rang. Leur origine se perdait dans la nuit des âges ; de lointaines traditions les faisaient remonter aux temps voisins du commencement du monde. C’était sur le site de Babylone que les hommes échappés au déluge avaient élevé, selon le récit de la Genèse, cette tour fameuse où commença la confusion des langues ; Assour, le fondateur de Ninive, était sorti de Babylone. L’histoire antique des deux capitales était peu connue. Leurs annales, renfermées dans les temples