VOYAGE DE L’OCÉAN PACIFIQUE À L’OCÉAN ATLANTIQUE,
À TRAVERS L’AMÉRIQUE DU SUD,
PÉROU.
QUATRIÈME ÉTAPE.
D’ACOPIA À CUZCO.
En regardant de près cette œuvre des païens, comme disent bêtement les niais du pays de tout monument d’une époque antérieure à la conquête espagnole, on ne sait qu’admirer le plus de la dureté métallique de la matière ou de la perfection du travail. Ces parois, ce plafond, ces siéges dont on peut à peine rayer la rigide surface avec la pointe d’un couteau, semblent avoir été rabotés, poncés, vernissés par le carrier-maçon. Un ébéniste, de nos jours, ne polirait pas avec plus de soin un meuble en jacaranda ou en bois de rose. C’est à donner de folles envies de mordre à même, ou de se briser le crâne dessus.
Comme une parodie à cette chambre monolithe, s’élève de l’autre côté du chemin, au milieu d’un taillis d’alerces et de capulis, — aunes et merisiers de la contrée, — une cahute à toit de chaume et à pans de torchis. Le signe du salut est placé à son faîte, et deux muchos[2], aux feuilles glauques, aux belles fleurs d’un pourpre vif, encadrent en se rejoignant, sa porte cintrée. Cette cahute est le beaterio ou béguinage de la Recoleta. Nous ignorons à quel jour de l’année les dévots de Cuzco s’y rendent en pèlerinage, et quelle antiphone est chantée à cette occasion ; mais ce dont nous sommes certain, c’est que l’endroit a pour gardiennes ou pour célébrer à triples têtes, trois vieilles duègnes qui faillirent un jour