Page:Le Tour du monde - 07.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de jardins arrangés avec un goût tout à fait artistique. Cette habitation (choisie en 1750 par M. David, successeur de la Bourdonnais) est située sur une espèce de promontoire formé par la réunion des rivières de Moka et des plaines Wilhems. Sur un de ses côtés se forme la belle cascade dite du Réduit, encadrée par une bordure de songes et d’arbres touffus, qui se précipite dans un lit profond et rocailleux. Un petit sentier permet de descendre jusqu’au bas de cette cascade ; mais c’est un véritable casse-cou : il est préférable de la voir du côté opposé au Réduit.

Le canton des Vakois (ainsi appelé parce que cette plante y croissait autrefois en abondance) se présente comme un immense plateau déprimé au sud-est, et s’élève de mille deux cents pieds à peu près au-dessus du niveau de la mer. Le sol, à cette hauteur, ne produit de bonnes cannes que s’il est engraissé avec le guano, mais en revanche, les légumes d’Europe y viennent très-bien et sont des meilleurs.

Cette partie de l’île, autrefois très-boisée, n’est plus ombragée maintenant que par quelques belles forêts arrosées par plusieurs rivières, dont les principales prennent leur source dans la mare aux Vakois, lac bourbeux dont la profondeur varie de vingt pieds à quelques pouces à peine. Il faut être très-prudent si l’on y va sans guide, car il y a des trous fort dangereux ; dans un d’entre eux, un des gouverneurs de l’île, sir Higginson, faillit périr avec sa fille.

Une sucrerie.

Ce qui m’attirait surtout aux Vakois, c’est la Fenêtre, large vallée formée par les montagnes de Terre-Rouge, du Tamarin et des Trois-Mamelles, et qui se prolonge jusqu’à la mer après avoir traversé les riantes campagnes des plaines Saint-Pierre. Ces montagnes se sont comme séparées et ont formé une sombre tranchée, où s’enfonce la rivière du Tamarin, tombant dans son cours en cascades, qu’on aperçoit au nombre de sept. Dans la saison des pluies on en compte jusqu’à vingt-neuf. Des deux côtés, des baies et des lianes de différentes nuances s’harmonisent avec les teintes sombres des rochers, et l’ensemble imposant des montagnes fait de cet endroit un des plus beaux sites de l’île Maurice.


VII

La population indienne à Maurice. — Mœurs et cérémonies religieuses. — Les Pamplemousses. — Un personnage historique. — Le naufrage du Saint-Géran : le roman et la réalité. — Les sucreries.

J’avais parcouru, dans mes dernières excursions, le centre et toute la partie sud de l’île. La partie nord était la seule que je ne connaissais pas. Je coupai ce voyage en deux, et me mis en route d’abord pour l’habitation de Mont-Choisy et la Grande-Baie. Je quittai le