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et des oiseaux dont l’espèce est entièrement perdue, et qu’ils appelèrent walk vogel (oiseau dégoûtant), à cause de la mauvaise odeur qu’ils répandaient[1]. Les Hollandais occupèrent l’île jusqu’en 1712, époque à laquelle ils l’abandonnèrent définitivement pour se concentrer dans leur colonie du cap de Bonne-Espérance. En 1715, M. Dufresne en prit possession au nom du gouvernement français, et en 1721, M. du Fougeray lui donna le nom d’île de France. À partir de ce moment, elle appartint à la Compagnie des Indes, et en 1767, elle fut rétrocédée au roi, qui la fit administrer par des gouverneurs, dont le plus éminent fut Mahé de la Bourdonnais. Pendant la Révolution, des assemblées coloniales gouvernèrent librement le pays ; mais en 1810, elle fut obligée de capituler devant des forces écrasantes. Les traités de 1814 et 1815 en confirmèrent la possession aux Anglais, et depuis cette époque ils sont restés maîtres de cette colonie, à laquelle ils ont donné de nouveau le nom de Maritius.

Mahébourg possède une rade et un port magnifique, et dans ce moment les Anglais travaillent activement à en faire une position militaire importante.

Les plaines Wilhems.

La rade est fermée par une ligne de brisants à fleur d’eau, et par l’île de la Passe. On ne peut parler de cette île sans se rappeler le mémorable combat du Grand-Port, qui fut si fatal aux Anglais au début de leur attaque.

Le 30 août 1810, une division navale, sous les ordres du commandant Duperré, parut en vue de l’île de France, et, trompée par les signaux des Anglais, s’engagea dans la passe qui mène au Grand-Port. Pendant trois jours, les navires la Minerve, la Bellone et le Victor luttèrent victorieusement contre une division anglaise, composée du Syrius, de la Néréide, de l’Iphigénie et de la Magicienne. Durant le combat, les habitants du quartier qui étaient groupés sur les collines environnantes, formant un grand et vaste cirque, suivirent avec anxiété toutes les péripéties de ce drame naval, qui se termina par la destruction complète de la division anglaise.

Malheureusement, les Anglais devaient prendre une terrible revanche trois mois après.

Je fus reçus à Beau-Vallon, la propriété la plus considérable du Grand-Port, par M. Alfred de Rochecouste, qui y possédait anciennement un magnifique château, détruit, dit-on, par la malveillance. Les Indiens qui gardaient la propriété furent éloignés sous un prétexte

  1. Ces oiseaux (drontes de Buffon et de Cuvier) étaient aussi grands que des cygnes, avec la tête grosse et bizarrement coiffée d’une peau semblable à un capuchon. Ils étaient couverts de petites plumes grises, n’avaient point d’ailes, mais seulement des ailerons formés de trois ou quatre plumes noires, et au lieu de queue, ils avaient quatre ou cinq plumes grisâtres et frisées.