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Vue du port de Souillac.


SÉJOUR À L’ÎLE DE MAURICE

(ÎLE DE FRANCE),


PAR M. ALFRED ERNY[1].
1860-1861. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.


IV

Souillac. — Cascade de la Savane. Le Grand-Bassin.

Je nie reposai un jour, et le surlendemain, je partis de nouveau avec Denis pour visiter le Bassin-Blanc. Une partie de la route seulement peut se faire en voiture ; bientôt il nous fallut nous enfoncer dans le bois. À moitié route, nous aperçûmes à notre droite le Mont-Blanc de la petite Savane, puis nous atteignîmes l’endroit le plus élevé de la forêt. Denis me fit descendre un petit sentier tapissé de mousse et de fougères, et je me trouvai tout à coup sur les bords d’un grand étang de forme arrondie, qui doit sans doute son nom de Bassin-Blanc à la teinte crayeuse de ses eaux. Il ressemble beaucoup au Grand-Bassin, dont je parlerai plus tard, et n’est probablement comme ce dernier que le cratère éteint d’un volcan. Le soleil, qui se levait à peine, éclairait les bois épais qui s’étendent sur ses bords, et j’aimais à voir ses rayons se jouer et scintiller parmi les gouttes de rosée laissées par la nuit sur les touffes de roseaux.

Le même jour, je pris congé de mon excellent hôte et partis pour Souillac.

La route laissait à gauche la chaîne des montagnes de la Savane, et à droite la jolie baie du Jacotet, où quelques hommes étaient occupés à tirer au rivage de grandes pirogues en bois.

En continuant le long de la mer, un bouquet de filaos m’indiqua bientôt l’embouchure de la rivière des Galets, ou de petits noirs prenaient leurs ébats dans une eau assez sale, et à partir de ce point, la route, qui s’élève graduellement à mesure qu’on avance, devint de plus en plus monotone.

Les montagnes de la Savane s’éloignent peu à peu, et le long de la côte s’échelonnent une suite de collines assez basses, couvertes entièrement de champs de cantinés. Cette culture s’est étendue jusqu’à une certaine hauteur ; quand la coupe est faite, la vue de ces collines est très-désagréable : avec leur sommet couvert de bois et leur base plate entièrement nue, elles offrent l’apparence de moutons qu’on n’aurait tondus qu’à moitié.

Une tranchée profonde, dont un côté est de formation sablonneuse et l’autre composé de terre glaise, conduit jusqu’au village de Souillac. Les maisons, entourées de petits jardins, sont éparpillées d’une manière pittoresque. On traverse la rivière sur un beau pont élevé depuis une dizaine d’années. Je visitai successivement la cour de district, une école du gouverne-

  1. Suite. — Toutes les planches de cette livraison, sauf celle de la page 139, ont été dessinées par M. Karl Girardet, d’après les croquis et les aquarelles de M. A. Erny.