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second ordre sont cependant nommées par le roi, qui leur confie, comme marque de leur dignité, les bracelets d’argent, le parasol et le tabouret. Ces insignes ne les quittent jamais, et les esclaves portent devant eux, quand ils sortent, le parasol et le tabouret.

Les redevances payées par les négociants étrangers qui veulent commercer avec le Dahomey, et les taxes qui frappent les marchandises constituent la plus grande partie des revenus du roi, depuis que l’abolition de la traite en a tari la source la plus abondante. Il faut y ajouter le produit de vastes plantations cultivées par ses esclaves, dont il fait vendre les récoltes par des individus qui prennent le titre de négociants du roi, et réalisent ordinairement dans ce trafic d’énormes bénéfices. De plus la chasse aux éléphants, faite par les chasseresses de la garde, le fournit abondamment d’ivoire, et les expéditions entreprises de temps à autre contre les peuplades voisines lui permettent de se procurer des esclaves à peu de frais. Tout cela sert à entretenir les amazones, les femmes du sérail, et à faire des largesses au peuple le jour des Coutumes. Quand les dépenses ont excédé les recettes, ce qui peut arriver même à des budgets plus civilisés, le roi ne se fait aucun scrupule de faire rendre gorge, sous forme d’emprunt forcé, à ceux de ses avoghans, ou de ses négociants, qu’il sait s’être par trop enrichis. Il le peut d’autant plus facilement, qu’on ne saurait dissimuler aisément de grandes sommes en cauris. (Il en faut quatre cents pour équivaloir à un franc de notre monnaie.) Ce fut précisément le raisonnement de Ghézo, en réponse à cette observation que nous lui faisions un jour qu’il devait utiliser les mines d’argent des montagnes de Khong pour battre monnaie.

Intérieur du harem du roi. — Dessin de Foulquier d’après un croquis de MM. Répin et Boulangé.

Lorsque le roi a résolu quelque expédition guerrière, chacun des gouverneurs de province ou avoghans est tenu, comme je l’ai dit, de lui fournir un contingent commandé par des cabéceirs. Ces troupes se réunissent à Abomey, ou sur tel point qu’il convient au roi de désigner. La guerre terminée, chacun retourne à ses travaux, excepté un petit nombre d’hommes qui tiennent garnison dans les cases royales ou qui forment la garde particulière des avoghans et des principaux cabéceirs. Ainsi il n’y a pas, à proprement parler, d’autre armée permanente au Dahomey que celle des femmes. Les amazones logent dans les palais du roi, qui les entretient richement, et elles y passent leur temps à boire, à fumer et à danser. Néanmoins elles sont soumises, sous l’autorité de la générale en chef et sous la surveillance du tolonou, à une discipline sévère. L’armée dahomyenne est absolument dépourvue de cavalerie : les chevaux supportent fort mal le climat du pays, et y périssent au bout de quelques années ; le roi seul en possédait deux en très-mauvais état, encore était-ce affaire de curiosité, car il ne les montait jamais. L’artillerie ne sert que dans les réjouissances publiques ; il serait im-