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Les maisons étaient fort belles ; elles sont pour la plupart à trois étages et couvertes d’arabesques. Tous les jours il s’en écroule quelqu’une, ce qui rend très-dangereuse une promenade par la ville. Les rues sont assez bien percées, mais fort étroites, non pavées et très-sales, suivant la mode arabe. La population actuelle ne s’élève guère à plus de 1 500 habitants, presque tous fort misérables. Il y a autour de la ville quelques jardins que l’on arrose à grands efforts. On y trouve des bouquets de dattiers, mais les caféteries ne commencent qu’à trois journées de marche dans les montagnes de Beit el Fakih, entre Moka et Hodeidah.

Moka est une des villes nouvelles de l’Yémen. Sa fondation ne paraît par remonter au delà du quatorzième siècle ; elle est due au commerce du café.

J’arrivai à Hodeidah le 24. J’allai faire ma visite au gouverneur, Mahamoud-pacha, qui commande en chef tout l’Yémen, et je me présentai tout juste à temps pour assister à la fête qui se donnait à l’occasion de la prise de Sébastopol. Le pacha sur un siège d’honneur, me fit placer à gauche : les assistants pouvaient être au nombre de deux mille. La musique de la garnison joua des airs si discordants et si criards, que j’eus des envies de me boucher les oreilles.

Je trouvai Hodeidah bien moins jolie que Moka. C’est un amas de maisons, la plupart de bois et de paille, qui ne datent que du commencement du siècle dernier. La population peut être évaluée à 10 000 habitants, Arabes, Turcs, Somaulis, Abyssins. Tout ce monde va, vient, s’agite, et le commerce de cette place, qui a détrôné celui de Moka, est aussi important que celui d’Aden.

Il y a à Hodeidah une garnison turque de 1 000 à