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face de cet angle s’ouvre le porche d’une petite mosquée crénelée et défendue par une tour percée de meurtrières. Cette mosquée, qui n’a de turc que son minaret, est l’ancienne église dédiée à sainte Catherine. Quelques vitraux de couleur se distinguent encore sous l’ogive de ses fenêtres étroites.

Là est une petite place sur le côté de laquelle se développe la façade de l’ancien couvent. C’est un grand édifice simple, sévère, où, sur des loges voûtées et spacieuses, s’élève un second rang d’arcades avec balcons qui en composent la façade extérieure. À l’intérieur, un cloître formé d’arceaux et de colonnes armoriées enferme une cour sur laquelle s’ouvrent des salles voûtées, destinées sans doute aux cuisines et aux magasins du couvent ; au premier étage étaient les cellules et le réfectoire des religieux ; ils ouvraient sur le cloître. Cet édifice est complétement désert aujourd’hui. Il semble en général que les Turcs aient de la répugnance à habiter des lieux qui furent peuplés par les défenseurs de la foi chrétienne ; ils ont fait de la demeure des chevaliers, non pas un arsenal, ce nom ne saurait lui être donné, mais un lieu de dépôt où sont entassées sans ordre quelques vieilles armes du seizième siècle, que la reddition de Rhodes a fait tomber entre leurs mains et que la rouille dévore.

Porte latérale de la cathédrale Saint-Jean, à Rhodes.

À côté était l’hôpital : il était toujours ouvert aux malades et aux pèlerins. Mais les chevaliers de Rhodes, oublieux des préceptes que transmit à leur ordre son vertueux patron, Gérard Tunc, le gardien des pauvres, n’y faisaient plus le service de frères hospitaliers. Né dans l’humilité de la première croisade, cet ordre avait depuis longtemps renoncé à la piété de ses premiers vœux. Une existence plus ambitieuse avait remplacé la vie monacale