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rien de ce qui se faisait d’utile ; il était devenu le centre d’un mouvement immense de correspondances et de rapports, aussi bien du dehors que de la France. À ce point de vue principalement, notre Société de géographie de Paris, dont il fut, en 1821, l’un des principaux fondateurs, a perdu en lui un soutien qu’elle remplacera difficilement.

Types sibériens (Asie orientale). — Dessin de Catenacci d’après M. Raddé.

Cette activité, d’ailleurs, s’étendait à bien d’autres objets qu’à la géographie. Tout ce qui pouvait contribuer à la diffusion des lumières et à l’extension du bien-être général, trouvait en lui un apôtre dévoué, un infatigable auxiliaire. Il contribua plus que personne, dans les premiers temps de la Restauration, à la fondation des écoles d’enseignement mutuel qui ont tant servi l’éducation élémentaire ; ce fut grâce à lui que M. le colonel Amauros put ouvrir ses écoles de gymnastique, qui ont pris depuis lors un si grand et si utile développement. C’est à lui également et à son active intervention que sont dues les premières écoles d’enseignement populaire du chant. On peut dire, en un mot, qu’il fut passionné pour tout ce qui est utile, et que sa vie tout entière fut dévouée au bien. Quelle œuvre scientifique égalerait un pareil éloge ?

Vivien de Saint-Martin.




Sur un nouveau livre intitulé : ANNÉE GÉOGRAPHIQUE.

L’article, que nous publions à la fin de chaque semestre sous le titre d’Année géographique, a pour objet de combler les lacunes que peuvent laisser entre elles les relations des voyageurs, de passer en revue les faits géographiques contemporains selon leur ordre chronologique, en un mot d’informer périodiquement et avec régularité nos lecteurs de tout ce qui survient d’intéressant et d’utile dans le courant annuel des connaissances qui sont la matière et le fond même du Tour du monde. Nous voulons parvenir et nous parviendrons ainsi à ne rien omettre dans notre recueil de ce qu’il importe à tout esprit curieux d’instruction de ne pas ignorer en géographie. Il nous paraît vraisemblable, toutefois, que notre zèle à réveiller le goût public pour des études qu’on regrettait de voir trop négligées, a dû faire naître chez plus d’un lecteur le désir de pénétrer aussi avant que possible dans la recherche des documents spéciaux qui se produisent chaque année, soit en France, soit dans les pays étrangers, et que se bornent à résumer nos revues semestrielles. Il est certain qu’un tableau complet et détaillé de tout le mouvement géographique d’une année dans les diverses parties du monde, n’est pas une œuvre qui se puisse renfermer aisément dans l’espace de quelques livraisons. Il faut tout au moins l’étendue d’un petit volume, si l’on veut parcourir un à un tous les points du globe où il y a encore des découvertes à faire, ou des informations à compléter ; raconter la marche des grandes expéditions maritimes ou terrestres et en exposer les résultats, en y rattachant les précédents historiques qui peuvent en faire mieux ressortir le lien et la portée ; suivre, en même temps que les voyages et les explorations, les travaux d’érudition et de critique dans les académies, dans les sociétés spéciales, dans les journaux savants, dans les publications particulières, et dégager de cette étude incessante qui se poursuit chez toutes les nations littéraires de l’Europe, ce qui appartient à la géographie historique et à la géographie descriptive, à la physique du globe et à l’ethnologie ; dresser enfin, en dehors de cet exposé historique, le bilan bibliographique de l’année en tout ce qui tient aux diverses branches de la géographie, en consacrant à chaque livre, français ou étranger, une notice plus ou moins développée selon l’importance de l’ouvrage, et suffisante, dans tous les cas, pour en indiquer le contenu et en faire apprécier la valeur. Assurément voilà bien des travaux qui touchent à la spécialité du Tour du monde, mais qui, par leur nature plus particulièrement digressive et scientifique, seront, ce nous semble, mieux à leur place un peu en dehors de notre cadre qu’en dedans. C’est pourquoi nous avons eu la pensée de faire paraître tous les ans au mois de janvier, sous le titre même d’Année géographique, un volume qui viendra accroître la collection de nos « Annuaires scientifiques et littéraires, » déjà si bien accueillie par le public.

Notre savant collaborateur, M. Vivien de Saint-Martin, a bien voulu se charger de cette sorte de supplément au Tour du monde, et le premier volume paraîtra au commencement de la prochaine année.


FIN DU SIXIÈME VOLUME.