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M. Edme-François Jomard, mort à Paris le 23 septembre dernier à l’âge de quatre-vingt-cinq ans (il était né au mois de novembre 1777), était chez nous le doyen et en quelque sorte le représentant officiel des sciences géographiques, auxquelles fut consacrée la plus grande partie d’une vie laborieuse et dignement remplie. La carrière où le poussait sa première vocation et à laquelle l’avaient préparé ses premières études n’était pas l’érudition historique ; élève de l’École des ponts et chaussées et de l’École polytechnique, il se destinait au corps des ingénieurs-géographes, dont les applications exigent surtout l’habitude pratique de la géographie et des méthodes géodésiques.

Ce fut en cette qualité d’ingénieur-géographe qu’en 1798 il fut attaché, bien jeune encore, à l’expédition d’Égypte ; mais transporté dans la vallée du Nil, en présence des vieux monuments des temps pharaoniques, le jeune ingénieur, de même que la plupart de ses collègues de la commission, sentit se développer en lui l’instinct archéologique. Il fut un de ceux qui concoururent le plus activement à mesurer, à décrire, à dessiner les innombrables débris de tombeaux et de temples qui forment au fleuve comme une voie sacrée.

Intérieur de forêt vierge (haut Amoûr). — Dessin de Catenacci d’après M. Raddé.

Cette tâche était immense ; elle fut accomplie avec un dévouement admirable. La commission ne pouvait aller au delà. Elle ne pouvait pénétrer le sens des inscriptions mystérieuses dont la connaissance a tant reculé depuis les bornes de notre horizon historique. Un quart de siècle devait s’écouler encore avant que Champollion retrouvât la clef, depuis si longtemps perdue, des hiéroglyphes ; mais cette mémorable découverte, une des gloires scientifiques du dix-neuvième siècle, ce sont les travaux de la commission d’Égypte qui l’ont préparée.