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Unis, il n’avait acquis que la faculté de lire couramment, d’écrire très-imparfaitement, et d’exécuter plus mal encore les premières règles de l’arithmétique. Mais à défaut de la science, il possédait un don plus précieux, celui de prophétie, et bien plus, pour chacun des actes de sa vie pratique il était favorisé d’une révélation d’en haut : révélation pour emprunter de l’argent, révélation impérative pour ne pas le rendre, révélation pour enlever une jeune fille à ses parents et en faire sa femme en dépit d’eux, révélation pour forcer une honnête dupe à favoriser le rapt et à en payer de sa bourse les frais et débours. Enfin vers l’époque citée plus haut, un messager du Seigneur apparut à Smith, non au milieu d’un buisson ardent, mais d’une forêt lumineuse, pour lui apprendre qu’il était l’instrument choisi de Dieu pour l’accomplissement de ses merveilleux desseins. C’est en cette occasion qu’il lui fut révélé que les Indiens d’Amérique étaient un débris d’Israël ; que, lors de leur émigration sur ce continent, ils possédaient la connaissance du vrai Dieu, jouissant de sa faveur et de ses bénédictions particulières. Ils avaient eu des prophètes et des écrivains chargés d’écrire l’histoire des événements les plus importants. Cette histoire s’était transmise de main en main pendant bien des générations, jusqu’à ce que le peuple entier, tombé dans une perversité extrême, eût été en grande partie détruit ; mais ses Annales avaient été déposées en lieu de sûreté, à l’abri des mains des méchants et de la destruction. Elles contenaient beaucoup de révélations touchant l’Évangile du royaume de Dieu, et des prophéties relatives aux événements des derniers jours. Dieu, pour remplir sa promesse aux auteurs inspirés des Annales, allait les remettre en lumière. Si Joseph Smith était fidèle, il serait l’heureux instrument de cette restauration. Après lui avoir donné beaucoup d’autres instructions concernant les choses passées et à venir, l’ange disparut, mais la même vision se renouvela souvent jusqu’à ce que, dans la matinée du 22 septembre 1827, l’ange du Seigneur remit les Annales dans les mains de Smith qui s’empressa de les traduire en langue vulgaire.

Portrait du prophète Joseph Smith et de son frère Hyram Smith. — Dessin de Mettais d’après M. J. Remy.

Ces Annales, s’il faut en croire Smith et ses adhérents, étaient gravées sur des plaques ou lames de métal, ressemblant à de l’or et minces comme des feuilles ordinaires d’étain. Chaque lame, large et longue de sept à huit pouces, était gravée des deux côtés en caractères égyptiens. Le tout formait un volume de près de six pouces d’épaisseur, et c’est de son auteur, le prophète Mormon, jusqu’alors parfaitement inconnu, que les disciples de Smith ont tiré leur nom.

Le prophète descendait en ligne directe de la tribu de Joseph, tribu dont les Indiens sont encore un débris. Cette branche oubliée d’Israël ayant éprouvé un grand revers dans une bataille livrée durant le quatrième ou cinquième siècle, le susdit Mormon crut devoir faire