VENISE,
« Monsieur, me dit cet individu, je suis l’homme d’affaires des Foscari ; mon père était gondolier de Nicolo Foscari et, né dans ce palais, j’y suis resté, aidant de mes services les derniers rejetons de cette famille, si illustre jadis, aujourd’hui perdue à jamais.
— Comment, lui dis-je, y’a-t-il donc encore ici des Foscari ?…
— Je puis, répondit-il, vous donner tous les renseignements que vous désirez sur eux, car j’ai entre mes mains les papiers de la famille : des lettres du roi de Danemark, leur parent, de Marie-Casimir et de bien d’autres. »
En disant cela d’un air protecteur, il me conduisit dans une chambre entièrement nue, et, ouvrant une armoire placée dans le mur, j’y vis des papiers entassés sans ordre et en grand nombre ; c’étaient là les titres de l’illustre famille Foscari.
En 1297 seulement commencent les documents certains et authentiques sur la famille Foscari. Cette maison, originaire de Mestre, vint à Venise au neuvième siècle, et dès lors donna divers tribuns à la République, comme le racontent les anciennes traditions. On dit que le nom primitif était Foscherus, famille déjà célèbre qui avait fourni des rois à la Sicile et des princes à d’autres États.
En 1122, le doge Domenico Michel accorda à Giovanni et Guglielmo Foscari l’entrée au Conseil des No-