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eaux sourdent dans le bain, et s’en vont par un déversoir qui laisse écouler le trop plein. L’eau est donc toujours renouvelée et toujours à la même température, et cette température est la plus agréable que puisse présenter un bain, c’est celle de trente-sept degrés centigrades, c’est-à-dire précisément celle de la chaleur du corps. À mesure que l’eau arrive dans la baignoire s’échappant de dessous le sol, on éprouve un indescriptible bien-être. Je sentais tout autour de ma poitrine les filets d’eau minérale qui glissaient comme une douche salutaire, et entre tous mes membres montaient les bulles de gaz qui me caressaient comme autant de serpents. On est vivifié, rajeuni, comme le retendent les créoles, par l’un de ces bains bienfaisants. Ceux qui montent à pied à Cilaos ne connaissent pas de meilleur moyen de se délasser de leur fatigue. On peut d’ailleurs rester impunément plusieurs heures dans la baignoire, et quelques-uns y passent la nuit. Voilà ce que j’ai vu et éprouvé, et je puis dire aux incrédules : Experto crede.

Indiens engagés. — Dessin de Mettais d’après une photographie de M. Bévan.

Les eaux de Cilaos, comme celles de Salazie, sont alcalines, ferrugineuses et gazeuses ; elles ont une saveur aigrelette, un peu métallique. Elles sont très-bonnes à boire pendant les repas. Une source d’eau minérale fraîche sort de terre à côté des sources chaudes, et c’est à celle-là que l’on puise de préférence pour boire : on réserve la seconde pour les bains. Ces eaux sont très-efficaces dans les maladies de foie et d’estomac. Elles sont plus riches en principes minéraux et plus chaudes que celles de Salazie ; mais ces dernières sont plus facilement accessibles et plus voisines de Saint-Denis, ce qui fait leur succès. Quant à la thermalité de ces sources et à leur composition chimique, elles sont suffisamment expliquées par le voisinage d’un volcan en activité, et la nature du sol que les sources traversent.