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tonnerre. Cependant le ciel reste calme et aucun vent ne souffle. Peu à peu les vagues s’apaisent et la mer redevient tranquille. À Saint-Pierre, où les raz de marée se font surtout remarquer par leur violence, les dégâts sont souvent considérables, et l’on a eu principalement à en souffrir dans les travaux du port. Plus d’une fois des blocs gigantesques du poids de plus de vingt mille kilogrammes ont été violemment précipités du couronnement des jetées, contre lesquelles venaient battre des vagues énormes, irrésistible bélier. D’autres fois, des portions entières de jetées ont été démolies et dispersées sous la mer. Le mal a été bon à quelque chose, et il s’est ainsi formé une sorte de talus naturel beaucoup plus large à sa base que celui adopté par les ingénieurs, mais aussi beaucoup plus solide et plus à l’abri des attaques des raz de marée.

Jardin d’une maison de ville, à Saint-Pierre. — Dessin de H. Stock d’après une photographie.

Malgré tant d’ennemis conjurés, les travaux du port de Saint-Pierre s’avancent, et déjà les caboteurs et les navires de long cours qui fréquentent ces parages ont moins à souffrir que par le passé des ouragans et de la grosse mer. Il faut à toute force un port à la Réunion, il lui faut des bassins de radoub et de carénage pour réparer les navires qui la fréquentent ou qui reviennent de l’Inde. Tout cela se fera à Saint-Pierre et peut-être aussi à Saint-Paul. Deux ports ne seront pas superflus, car l’île de la Réunion est assurément la plus belle des colonies qui sont restées à la France, et c’est aussi la plus productive. Chaque année elle est visitée par environ quatre cents navires, presque tous français, et la valeur de son commerce d’importation et d’exportation atteint quatre-vingts millions de francs. La métropole fournit surtout à la colonie des tissus, des vins, des liqueurs, de l’huile, du savon, des modes et tous les articles