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corinthien, était un témoignage de la pureté du chant d’une tribu athénienne. Le P. Simon, supérieur des capucins, l’acheta cent cinquante écus, et lui assura ainsi, sous la domination turque, la protection française. La tradition populaire lui donne le nom de lanterne de Démosthènes et veut que dans cette rotonde le célèbre orateur déclamât ses discours : le seul inconvénient à une semblable supposition est que le monument n’a jamais eu ni portes ni fenêtres.

Le tombeau de Philopappus le Syrien, élevé sur la colline du Musée, n’est remarquable que par le grand nombre d’inscriptions et de noms qui y sont gravés, et ce ne sont point noms de sots, mais noms des plus célèbres de ceux qui, nés avec la liberté, furent chassés avec elle et errèrent en Europe pendant les premières années de ce siècle.

J’ai rencontré là, triste et mélancolique, au pied de ce tombeau, un jeune homme de vingt ans, souffrant d’une maladie de cœur. Son médecin l’avait promené en Égypte et en Syrie, sans que les ruines de Thèbes et de Palmyre l’eussent pu guérir. Un mois après je le revis à Daphné, gai et souriant, chevauchant aux côtés d’une des amazones les plus élégantes d’Athènes ; il avait renvoyé son allopathe. Similiasimilibus : comment nier, d’après cet exemple, que l’homœopathie puisse faire de belles cures ?

Le temple de la Victoire Aptère. — Dessin de Thérond d’après une photographie.

Ce n’est pas du reste une des moindres curiosités de la ville que ce défilé continuel d’étrangers de tous pays ; mais mes chers compatriotes sont comme les ombres chinoises, ils paraissent et disparaissent : le vendredi ils débarquent affamés d’antiquités et se rembarquent le dimanche très-rassasiés. À aucun d’eux je n’ai pu faire regarder autre chose que les monuments antiques ; à peine donnaient-ils un’ occhiata à ces délicieuses petites églises byzantines pour se sauver au plus vite. L’art justinien ne jouit en France que d’une médiocre considération ; l’opinion du frère Eusèbe est qu’en ces petites chapelles le bon Dieu est logé trop à l’étroit, et l’opinion de beaucoup d’autres est que cet art n’est qu’un pastiche malheureux de l’art grec. La faute en est aux historiens qui ont assez maltraité cette malheureuse époque byzan-