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jamais cédé aux exigences des pachas ottomans et refusent absolument de se fixer sur le sol qui leur est assigné et d’y construire des demeures.

L’un d’eux, Hussein-Bey Dedeler-oglou, qui se montrait le plus hostile à la Porte, ayant envoyé son fils à Adana pour une affaire particulière, apprit que le pacha gouverneur l’avait fait arrêter et le gardait en prison. Hussein résolut de tirer vengeance du pacha et, ayant rassemblé les cavaliers de plusieurs tribus, il marcha sur Adana, qui n’était défendue que par une faible garnison.

Tombeau d’Aratus, à Pompeïopolis.

Mehemet-Zia-Pacha, maréchal de l’empire, gouverneur général des provinces de Marach et d’Adana, vizir de la Porte, assembla son conseil, et, était impossible, il renvoya le fils d’Hussein comblé de présents. Hussein consentit à se retirer, sur les instances de l’agent consulaire français, M. B. Pieri, et fit dire au pacha qu’il brûlerait la ville si jamais il cherchait à troubler de nouveau le repos des Turkomans. Le pacha se le tint pour dit, et depuis lors, chaque année on peut lire dans le rapport officiel adressé par le gouverneur général à la Porte cette formule invariable.

« Les Turkomaus ont enfin cédé à nos instances et ils obéissent aveuglément aux ordres du sultan. Installés dans des demeures fixes, les Yourouks, qui jetaient l’effroi dans toute la contrée, sont devenus de paisibles laboureurs, désireux de mériter un regard bienveillant de l’autorité impériale. »

Pompeïopolis : La colonnade.


Les Farsak-oglos. — La danse du sabre. — Missis. — Tumlo-Kalessi. — Aïas. — Chasse au buffle dans les marécages de la plaine Aléienne.

Il faut quatre heures pour se rendre d’Adana à Missis, l’ancienne Mopsueste, fondée par le héros Mopsus, l’un des athlètes de la guerre de Troie. En suivant la route des caravanes, qui est la moins déserte, notre cavalcade passa près du campement des Farsak-oglou, qui avaient dressé leurs tentes de chaque côté de la route. La tribu des Farsak est nombreuse et ses cavaliers sont renommés dans toute la contrée par leur adresse à manier le sabre et le djérid. Nous dermndâmes l’hospitalité au chef de la tribu, et le soir, pendant que nous étions assis à la porte de sa tente, il voulut nous donner le spectacle d’une danse du sabre, exécutée par les principaux cavaliers de son ourdou. La danse du sabre est tout à la fois une récréation et un exercice ; ce serait un assaut d’armes si les danseurs au lieu de se tenir à distance fondaient les uns sur les autres, comme dans un champ clos. Je n’ai rien vu de plus grave que cette danse guerrière exécutée devant tous les membres d’une tribu et à laquelle les femmes prennent part quelquefois, lorsque entraînées par leur ardeur, elles quittent leurs tentes, entrent dans l’arène et luttent en face de leurs époux qu’elles semblent provoquer au combat. Il faisait presque nuit ; un feu de broussailles éclairait seul l’endroit laissé