Page:Le Tour du monde - 05.djvu/207

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’empereur venait entendre la messe est restée debout. Debout aussi est demeuré le souvenir du grand vaincu des Italiens et de la papauté. Le peuple refusa de croire à sa mort, et l’Allemagne l’attendit, comme les Gallois ont espéré le retour d’Arthur.

Le Rechberg.

Un jour, disait-on, un pâtre cherchant ses chèvres égarées dans la montagne trouva, en un lieu écarté, inaccessible, une caverne qui semblait un immense palais. Il osa s’y aventurer et vit dans une grande salle un chevalier qui dormait tout armé, le coude appuyé sur une table. Ce sommeil durait depuis bien des années, car sa barbe avait crû au point qu’elle faisait sept fois le tour de la table. Au bruit des pas du berger, le chevalier releva lentement la tête et dit ces mots : « Les oiseaux noirs volent-ils toujours autour de la montagne ? — Oui, répondit le pâtre. — En ce cas, je puis dormir encore. »

Le Hohenstaufen.

Dormez, sire, et ne vous réveillez pas, car si les oiseaux noirs ne volent plus que d’une aile fatiguée et pesante, d’autres plus agiles et plus forts ont pris leur place et gardent votre prison : l’esprit moderne tient scellé sous la pierre du tombeau l’esprit vaincu du moyen âge.

Cependant nous montions toujours et nous arrivâmes à un carrefour de montagnes boisées de la tête au pied, mais très-escarpées. Là se trouve le vieux et curieux bourg de Geisslingen, où je vis une énorme maison de bois à cinq étages surplombant l’un sur l’autre et couverte d’un toit à quatre rangs de lucarnes.

La situation était trop bonne pour les coupeurs de