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torff, ministre des affaires étrangères, a signifié à tous les agents politiques de la Prusse qu’à l’avenir ses dépêches seraient rédigées non plus en français, selon l’usage général, mais en allemand. C’était une flatterie à l’égard des petites cours de la Confédération. Mais ce coup d’État contre la langue française émut les grandes chancelleries. On déclara au ministre prussien qu’on ne voulait pas de son allemand et qu’on lui écrirait chacun en sa langue, puisqu’il se refusait à entendre celle de tout le monde. Berlin allait devenir une Babel. Le comte dut céder : il autorisa ses agents à employer le français dans toutes les cours qui se serviraient de cet idiome.

Jeunes filles et femmes de la Souabe, à Stuttgart.

Au théâtre du palais nos pièces sont proscrites. Du 1er  juin 1851 au 1er  juin 1861 on y a joué Lessing cent trois fois, Goethe cent quinze, Schiller deux cent cinquante-trois, H. de Kleist cinquante-neuf, Calderon trente-six, Gozzi neuf, Sophocle cinq. Shakspeare a eu trois cent soixante-trois représentations, Molière trente et une, Racine deux.

Wurtembergeois et Wurtembergeoises.
Paysan de la Souabe, à Stuttgart.

Revenons vite à Stuttgart. Cette ville possède un nombre suffisant de châteaux et d’hôtels. La résidence royale a trois cent soixante-cinq chambres, idée astronomique qui est devenue, je ne sais comment, une idée architecturale, et son pavillon central est coiffé d’une immense couronne dorée. Ces petites royautés allemandes sont si heureuses et si fières de leur titre qu’elles en mettent le signe partout, jusque sur les toits.