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M. Lancelot, dont le crayon habile fait tout le mérite de ces causeries de voyage, m’a raconté à ce sujet ce qui lui arriva à lui-même. À Stuttgart il rencontra un artiste qui, en entendant son nom, lui déclara galamment qu’il le connaissait depuis longtemps. Il ne croyait pas dire si vrai, ajoute M. Lancelot, car parmi des dessins qu’il me montra pour me faire juger de l’art allemand, plusieurs étaient de moi. « Vos journaux illustrés disait-il, ne sont pas sérieusement faits ; » et en preuve du soin sérieux des éditeurs de son pays, il me mit sous les yeux des publications où je trouvais, sans nom d’auteur bien entendu, des dessins de Français, de Théron, de Bida, de Desjobert, etc., des contrefaçons de Grandville, des imitations du Charivari, des souvenirs d’Alfred de Dreux ou de Victor Adam.

Place du Vieux-Château, à Stuttgart.

À Augsbourg, M. Lancelot trouva un de nos pensionnaires de Rome pour la musique qui faisait sa troisième année en Allemagne. Nous parlons beaucoup à Paris, surtout depuis le Tannhauser, de la musique allemande, non de l’ancienne, qui est peut-être la première du monde, mais de la nouvelle, « celle de l’avenir. » Les compatriotes de M. Wagner en sont moins préoccupés. Depuis deux mois notre pensionnaire courait de ville en ville et de théâtre en théâtre, il n’avait encore entendu que le Postillon de Lonjumeau, les Diamants de la couronne, le Pré aux Clercs, le Chalet, etc. À Vienne seulement il savoura à pleines oreilles la musique allemande, mais au théâtre français d’Offenbach !

Escalier des cuisines royales, à Stuttgart.

Cependant on nous fait rude guerre en haut lieu. À Berlin, par exemple, ou l’on tient, et pour cause, à paraître plus allemand que l’Allemagne, la cour s’est faite le foyer d’une réaction antifrançaise. Du temps de Frédéric II, un Prussien cependant celui-là, et un glorieux, on n’y parlait que la langue de Voltaire, ce qui était un travers ; aujourd’hui on n’y veut user que de celle de Hegel, ce qui en est un autre. Le 1er janvier 1826 le comte de Berns-