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bordent les fleuves et qui y pourrissent. Je serais tentée de contredire cette opinion ; car dans l’île de Ceram, que je visitai plus tard et qui est aussi riche en bois et en rivières que Bornéo, je trouvai partout une eau claire comme du cristal. M. Alexandre de Humbolt a remarqué aussi cette couleur foncée dans les rivières de l’Amérique, et il ajoute que ces fleuves ne sont habités ni par des crocodiles ni par des poissons. À Bornéo il n’en est pas de même. Il n’y manque ni de poissons, ni de caïmans, fort proches parents des crocodiles.

Le soir, je me trouvai de nouveau assise au milieu d’une troupe de Dayaks avec lesquels je causai aussi bien qu’il me fut possible, à l’aide du cuisinier et d’un interprète malais. Je leur demandai s’ils croyaient à un grand esprit, et s’ils avaient des idoles et des prêtres. Autant que je pus comprendre, ils ne croyaient à rien, et n’avaient ni idoles ni prêtres. Quant au premier point, il se peut qu’il n’en soit pas ainsi et que je les aie mal compris ; mais quant au dernier, il est certain que je n’ai jamais vu chez eux ni prêtres ni idoles. Par contre ils ne manquent pas de rajahs ; ce titre pompeux est donné à tout chef, quand même sa tribu ne se composerait que