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Le matin j’accompagnais M. Bonpland auprès de ses malades ; le soir, nous nous promenions dans les environs de la ville, en laissant toute liberté d’allure à nos chevaux. Parfois nous passions plusieurs jours de suite, campés au milieu des forêts vierges, afin de faire tout à l’aise de l’histoire naturelle. Cette vie aventureuse plaisait fort au célèbre voyageur, dont elle ravivait les lointains souvenirs. Souvent aussi nous allions jusqu’au Passo de l’Uruguay, petit hameau qu’habitait alors l’ancien gouverneur de Corrientes D. Pedro Ferré, exilé par la politique d’une province qu’il avait longtemps et sagement administrée. M. Ferré avait pour commensaux trois jésuites espagnols revenus depuis peu de mois du Paraguay, et je recueillais de leur bouche de précieux renseignements.


Missions orientales. — Les villes de l’Incarnation et de l’Assomption. — Le diable et le docteur Francia.

Cependant les complications politiques menaçaient de s’éterniser, et la route du Paraguay restait close. Pour mettre le temps à profit, je résolus alors d’explorer les Missions orientales, réunies au Brésil depuis le commencement du siècle, en accomplissant tout d’abord cette partie de mon itinéraire dont j’avais renvoyé l’exécution à mon retour. Mes préparatifs de départ furent poussés activement, et je partis pénétré des instructions de M. Bonpland, pour visiter une à une toutes les Missions de la rive gauche de l’Uruguay. Quelques-unes possé-