Page:Le Tour du monde - 04.djvu/369

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Villabella.


VOYAGE AU BRÉSIL,

PAR M. BIARD[1].
1858-1859. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS[2].




L’AMAZONE.

Guajará. — L’île de Piranga. — Obidos. — Villabella. — Serpa.

Vers six heures nous passâmes devant une agglomération de cases adossées à une colline, dont les bois rachitiques n’avaient rien de pittoresque. Ce lieu se nomme Guajará. Le terrain, coupé de tous côtés par des éboulements qu’avaient causés les pluies, n’avait presque pas de végétation.

Pendant que je regardais à ma gauche, je ne m’étais pas aperçu que nous avions à notre droite, et très-près de nous, l’île de Piranga. Là, comme de l’autre côté, des terres basses d’abord, puis de petites falaises. Le soleil couchant éclairait d’une façon très-vive les terrains rouges, et les faisait briller du plus beau vermillon, tandis que de l’autre côté du canal, l’ombre avait déjà tout couvert. Le ciel était pur et sans nuages ; pas un souffle de vent ne ridait l’Amazone.

Le lendemain de très-bonne heure nous étions mouillés devant Obidos, sur la rive droite. Nous fîmes là notre provision de bois, et de nouveau notre pont fut encombré. Il fallait, pour aller de l’arrière à l’avant, grimper sur des bûches mal posées à la hâte ; c’était non-seulement incommode, mais dangereux ; je préférai passer sur les plats-bords.

De la place où nous étions, je ne pouvais voir que le drapeau qui flottait sur la forteresse. On me dit qu’elle avait été commencée à une époque peu éloignée, pour arrêter des flibustiers américains qui avaient tenté de pénétrer au Brésil en faisant une descente de ce côté.

Au-dessus d’Obidos le pays changeait sensiblement d’aspect ; les huttes étaient en meilleur état que celles

  1. Suite. — Voy. pages 1, 17, 33 et 353.
  2. Tous les dessins joints à cette relation ont été exécutés par M. Riou d’après les dessins de M. Biard.