Page:Le Tour du monde - 04.djvu/316

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et parfaitement acclimatés dans l’île. J’admirai particulièrement une plante aquatique, l’hydrogiton fenestralis, dont les feuilles longues d’environ huit centimètres et larges de près de trois, sont percées à jour comme par un effet de l’art. Un spécimen du genre baobab ou adansonia digitata, me frappa non par sa beauté, mais par sa laideur. Son tronc, d’une grosseur difforme jusqu’à la hauteur de trois mètres et demi, s’amincit ensuite subitement ; son écorce, d’une vilaine couleur claire, est tout à fait lisse et presque luisante.

Il y avait encore beaucoup d’arbres à aromes et quelques pieds du charmant palmier d’eau que j’avais déjà vu à Batavia, et que j’ai décrit dans Mon second voyage autour du monde.

Île Maurice : Montagne du Corps de garde (voy. p. 318). — Dessin de E. de Bérard d’après nature.

Je ne suis pas botaniste et ne puis pas donner une description complète de ce jardin, mais des personnes qui s’y connaissent m’ont dit qu’il est arrangé avec beaucoup de goût et d’intelligence. À voir le nombre et la diversité des plantes et l’étendue des cultures qui doivent demander beaucoup de soins, on ne se douterait pas que M. Duncan ne dispose que d’un nombre de bras fort limité. Le gouvernement ne lui accorde que vingt-cinq ouvriers (Bengalais et Malabares), qui ne font certainement pas autant de besogne que huit ou dix hommes vigoureux d’Europe.

Puisque je parle des plantes et des arbres, il faut aussi que je dise quelques mots des fruits que l’on trouve à Maurice. Les plus communs sont diverses espèces de bananes et de mangues, des oranges, des beurrés, des ananas, des melons et des pastèques. Ces derniers cucurbitacés atteignent ici une grosseur extraordinaire (quelques-uns pèsent plus de trente livres), mais ils ont peu de goût. Les pêches sont abondantes, mais elles demandent pour être bonnes des soins particuliers.

Île Maurice : Le Pouce (voy. p. 318). — Dessin de E. de Bérard d’après nature.

Il y a en outre des grenades d’une grosseur considérable, des fruits du papayer et d’autres semblables. Comme je les ai tous déjà décrits dans mes précédents ouvrages, j’y renvoie mes lecteurs.

Dans le règne animal, l’île Maurice est assez heureuse pour n’avoir ni bêtes féroces ni reptiles venimeux. Les scolopendres et les scorpions y sont petits ; leur piqûre est douloureuse mais sans le moindre danger. On y trouve également bien moins de fourmis que dans l’Inde ou que dans l’Amérique du Sud. Je pouvais laisser des demi-journées sur une table les insectes que j’avais recueillis, sans que les fourmis vinssent y toucher, tandis