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periodico del Gobierno del Estado libre de Chihuahuà. Cette feuille paraît deux fois par semaine, les mercredis et les samedis. Le prix de la souscription est de dix-huit réaux pour la ville et de trois piastres pour les provinces et l’étranger. Cette feuille, de quatre pages in-quarto, a fort peu de lecteurs, et je doute qu’elle fasse ses frais ; on n’y lit aucun article littéraire ou scientifique : toute la rédaction se réduit aux décrets du gouvernement et aux annonces clair-semées.

Quatre courriers font le service de la malle dans les différentes directions de l’État.

1o Le courrier qui transporte la malle de Chihuahua à Rio-Florido, où les dépêches s’échangent avec celles de Durango. Il fait pour aller et revenir cent vingt lieues en cinq jours et demi. La dépense de ce courrier se monte à vingt-trois piastres et sept réaux : il part deux fois par semaine.

2o Le courrier de la sierra Madre porte les dépêches en Sonora, va de Chihuahua à San Antonio de las Huertas, et parcourt pour aller et retour en onze jours deux cent vingt lieues. Sa dépense se monte à trente-huit piastres et demi : ce courrier est hebdomadaire.

3o Le courrier du Nouveau Mexique va jusqu’à un point nommé Brasito, un peu en avant du Paso. Il fait deux cent soixante lieues en trois jours ; sa dépense se monte à quarante piastres. Il part tous les quinze jours.

4o Le courrier des Présidios, part de Chihuahua tous les quinze jours pour aller à Arispe, parcourt quatre cent quarante lieues en vingt jours, et sert spécialement les points militaires. C’est le gouvernement central de Mexico qui fait les frais de ce service.

La malle se transporte à dos de mulets. Pendant mon séjour à Chihuahua, le courrier qui dessert la ligne de Rio-Florido, portant les lettres à destination pour l’Europe, fut assassiné par les Indiens et les dépêches furent dispersées. Ces malheurs trop fréquents occasionnent pour les négociants des retards fâcheux. Le jour de l’arrivée des courriers, chacun va prendre ses lettres à la poste ; le facteur n’existe pas plus au Mexique qu’aux États-Unis.

Hacienda de Tabalopa, sur la rivière Nombre-de-Dios.

Sur les quatorze mille habitants de la ville, les deux tiers sont indiens ou métis ; l’autre tiers est blanc. Ce sont les blancs qui, comme dans tout le Mexique, sont à la tête du gouvernement et se distribuent les fonctions et la caisse publique. L’Indien ignore complétement ses droits politiques : on a bien soin de le maintenir dans cette ignorance.

Le nombre des Français qui résidaient dans la ville, lorsque je la visitai, était de vingt, généralement commerçants ; presque tous sont Basques ; à ma connaissance il n’y en avait que deux mariés.

Les Mexicains de distinction recherchent la société des Français ; ces derniers s’en rendent dignes par leur conduite, et, chose rare ! l’entente cordiale qui règne entre eux.

Dans la capitale comme partout dans l’État, M. Curcier a laissé des traces de son passage. La ville lui doit des améliorations et des embellissements. Son habitation est la seule qui soit en pierre : les autres maisons privées de la ville sont bâties en adobes. M. Curcier a fait construire sa maison dans le style du pays, qui est noble et confortable : lorsqu’on pénètre dans l’intérieur de la cour, on se croirait dans un palais moresque.


Un chef des Peaux-Rouges. — Les Comanches. — Le marché. — La boucherie.

J’ai eu la chance toute particulière de voir, pendant mon séjour à Chihuahua, Abasolo, grand chef des Peaux-Rouges comanches.

On sait que les Comanches forment une des races des plus guerrières de l’Amérique et en même temps des