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notre camp. Elle appartenait à une dame française. Du moment qu’elle sut qu’il y avait des Français dans la petite caravane, elle se montra extrêmement obligeante, et nous mit à même de recueillir tous les renseignements dont nous avions besoin pour bien connaître cette ville où nous nous proposions de faire un assez long séjour.

Jusque-là, nous avions échappé à toute espèce de danger. mais nous ne pouvions nous dissimuler que notre caravane était trop faible pour qu’il y eût prudence à nous aventurer, dans les mêmes conditions, plus avant vers le nord. Nous résolûmes donc d’attendre à Chihuahua qu’il nous fût possible de nous joindre à quelqu’une des caravanes qui la traversent en venant soit du Texas, soit du Nouveau-Mexique, par le Passo del Norte.

Mon compagnon de voyage, M. H. de Dommartin, était souffrant et désirait voir un médecin ; il s’adressa à notre hôtesse, qui lui parla avec beaucoup d’éloges d’un docteur français résidant dans la ville, et qui, en effet, y jouissait de la plus grande considération, non-seulement pour son talent, mais aussi pour la bienveillance de son caractère.

Nous nous rendîmes près de M. Roger Dubos pour le consulter, et nous trouvâmes en lui non-seulement un médecin expérimenté et un compatriote, mais encore un véritable ami. La ville-de Chihuahua n’ayant point d’hôtel, il mit à notre disposition un joli petit appartement donnant sur une belle cour avec galerie à colonnes d’un style dorique. Une fois si bien installés, nous n’eûmes qu’à trouver en ville un corral pour nos mulets.

Le marché de Chihuahua.

Le mot Chihuahua appartient au vocabulaire des Indiens Tarahumaras et signifie « passage de l’eau. » Il me serait pourtant impossible de dire si ce nom vient de plusieurs rivières qui se joignent près de la ville, ou s’il a été donné à l’État à cause du grand nombre de rivières qui le traversent dans toutes les directions.

La ville est située à 1 451 mètres au-dessus du niveau de la mer et compte 14 000 habitants.

Quand on arrive du côté du sud, on n’aperçoit la ville qu’en y entrant : jusque-là, les montagnes l’ont dérobée aux regards. Mais des trois autres points cardinaux, surtout du nord et de l’ouest, elle offre un aspect pittoresque et riant. Bâtie sur une légère pente, elle se développe avec grâce, se détachant en blanc sur des fonds de montagnes qui reflètent les tons purs d’un ciel toujours azuré. Les églises et les couvents sont les monuments publics qui dominent. L’élégance des clochers et des coupoles, généralement blanchis à la chaux, donnent à la ville un air oriental ; on croirait voir des minarets.

Aux États-Unis de l’Amérique du Nord, les villes s’établissent et se créent sur des points qui offrent des fa-