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décomposition, les herbes sont rares, mais généralement aromatiques et fort estimées des chameaux ; j’y ai remarqué de loin en loin quelques rares mimosas à fleurs jaunes, sphériques, embaumées, et nous avons compté dans une seule journée plus d’une centaine de gazelles.

C’est entre le Tiris et l’Adrar occidental que se trouve la grande sebkha d’Ijil, véritable mine inépuisable de sel gemme, qui a une longueur de vingt-cinq à trente kilomètres sur une largeur de dix à douze. Les couches de sel cristallisé y sont au nombre de quatre, variant de cinq à vingt centimètres d’épaisseur.

Maure et femme trarzas. — Dessin de Bertall d’après A. Raffenel.

L’extraction du sel coûte peu à cause de la faible profondeur à laquelle il faut atteindre pour rencontrer la première couche ; on coupe avec de petites haches le sel par planches d’un mètre de long sur quarante centimètres de large, et on les entasse en amas assez considérables pour pouvoir suffire aux demandes des caravanes qui viennent pendant ou après la saison des pluies, quand l’eau de la sebkha ne permet pas l’exploitation. Les Kountahs, propriétaires de la sebkha, se font payer en chameaux le prix de l’extraction, et par charge un droit fixe de sortie. Le sel est exporté non-seulement dans l’Adrar, mais encore au Tagant, à Tichit, à Oualata, au Kaarta, au pays des Bambaras, au Ségou et au Macina, où il acquiert une valeur considérable.

On évalue généralement à plus de vingt mille charges de chameau le produit annuel moyen de la sebkha, ce qui, en portant la charge à deux cents kilos, ferait un total de quatre millions de kilogrammes.

Le 17, comme nous passions la nuit dans un camp où se trouvaient quelques guerriers ouled-delims, la population resta réunie autour de notre tente jusqu’à une heure très-avancée ; on touchait nos habits, on s’extasiait sur les choses les plus simples ; mais ce que l’on