tion rabougrie et de bambous si serrés, qu’ils forcent parfois le voyageur à descendre de cheval. Nous fûmes largement dédommagés par la vue de Tambala, dont les environs sont revêtus d’une végétation splendide. Quant au village, les gens étaient comme à Diakhalel occupés à le reconstruire. Il y avait à peine une dizaine d’hommes, qui me reçurent bien et offrirent plusieurs calebasses de pistaches à mes laptots. J’y pris quelques renseignements sur les localités qu’arrose le marigot de Dungou-Khoba, véritable Pactole de ce canton aurifère.
À peine étais-je parti, que je fus rejoint par les envoyés du chef de Kobokhoto, village que j’avais laissé sur ma droite. Ils venaient me reprocher de ne point être passé chez eux et m’assurer du moins de leurs bonnes dispositions et du désir qu’ils avaient de les faire connaître au chef des blancs de Saint-Louis. Après cet incident je continuai ma route, et une vallée couverte d’herbes de prairie et encadrée de beaux arbres me conduisit au village de Sabouciré.
J’y fus assez bien accueilli à mon arrivée, mais ayant été voir le chef et causer avec lui, je le trouvai au milieu d’une soixantaine d’hommes armés. Il me pria aussitôt de me retirer, et mon interprète m’apprit que quelques habitants étaient mal disposés à notre égard. Il ne s’agissait de rien moins que de nous piller et de nous chasser du village. Je retournai à mon bivac et j’attendis. Quelque temps après tous les guerriers, ayant le chef à leur tête, arrivèrent auprès de moi, cherchant à justifier par un faux prétexte la conférence qu’ils venaient de tenir ; mais je reçus de haut leurs excuses, affectant le mécontentement, et leur reprochant leur façon d’agir envers un étranger, envoyé par le chef de Saint-Louis ! Quand ils se retirèrent, je restai bien persuadé qu’il ne m’arriverait rien.
Le 25 décembre je partis pour Fountamba, village riverain de la Falémé. En quittant Sabouciré, la route, passant sur des montagnes, est d’abord assez mauvaise, mais après une demi-heure elle pénètre dans une vallée profonde, arrosée par plusieurs petits marigots ; la fertilité et l’admirable végétation de cette vallée en tout certainement un des plus beaux sites que puisse offrir la Sénégambie. Fountamba est un petit village que les Talibas d’Al-Hadji n’ont pas plus épargné que ses voisins. Quand j’y passai, le tata du chef venait d’être relevé. À ses murs flanqués de bastions dont les toits pointus rappellent ceux des tourelles gothiques, on eût dit un château féodal. Les habitants peu nombreux se livrent, ainsi que tous les riverains du Sénégal et de ses affluents, à la pêche à la lance et à la chasse de l’hippopotame. La viande de cet amphibie, comme celle du caïman, est très-estimée dans le pays. Quant à la chasse, elle consiste simplement à s’embusquer et à attendre patiemment que l’animal