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Vianna do Castello. — Dessin de Lancelot d’après une photographie de M. Seabra.


VOYAGE DANS LES PROVINCES DU NORD DU PORTUGAL,

PAR M. OLIVIER MERSON.
AVRIL ET MAI 1857. — TEXTE ET DESSINS INÉDITS.




(L’auteur de cette relation, parti le 15 avril 1857 de Nantes, sur le paquebot la Ville de Paris, capitaine Lavallée, arriva le 18 à Vigo. C’était son deuxième voyage en Portugal. Cette fois il se proposait de se diriger vers Lisbonne en traversant les provinces du Minho, du Beira et de l’Estramadure, de visiter ensuite l’Andalousie et de rentrer en France par Carthagène, Alicante, Valence et Barcelone.)




De Vigo à Tuy et à Valença. — M. Smith. — Christoval. — Valença. — M. Silva. — La Santa-Annica. — Gaspar et Leonardo. — Le Minho. — Insua. — Caminha. — Vianna. — Le dîner portugais. — De Vianna à Ponte de Lima. — Ponte de Lima. — Portugais et Portugaises. — De Ponte de Lima à Barcellos. — Barcellos. — Costumes portugais. — Braga. — Bom Jésus do Monte. — Guimaraens.
I

…Après avoir échangé d’affectueuses étreintes de mains avec le capitaine Lavallée, celui-ci retourna seul à bord de la Ville de Paris, mouillée sous vapeur en petite rade de Vigo, puis, en compagnie de Joseph, mon camarade de route, je fis l’ascension de la colline abrupte que couronne le château del Castro. De ce point élevé le regard s’enfonce dans les inextricables compartiments de la Sierra et s’étend sur la mer sans limites. Dans le port, vue de si haut, la Ville de Paris nous sembla toute petite. Elle mit en route, laissant rapidement derrière elle la cité galicienne ; elle rangea, à droite, les îles Cies, vedettes de granit plantées à l’ouverture de la rade, et bientôt ce fut seulement à un nuage de fumée, balafrant l’azur du ciel d’un coup d’estompe, qu’on put suivre la marche du navire se dirigeant d’abord à l’ouest, ensuite au midi quand il eut le cap sur les îles Berlinguas, c’est-à-dire sur l’entrée du Tage.

En descendant la colline, je reconnus la maison où l’année précédente j’étais entré en conversation avec les jolies filles à l’œillet rouge[1]. La porte et les fenêtres étaient closes. Je rn’informai aux alentours : le choléra s’était abattu sur le logis et pas une de ces quatre enfants si rieuses, si insouciantes du présent et de l’avenir, n’avait échappé au fléau. Au contraire, la marchande de

  1. … Trois jolies filles étaient assises à l’entrée d’une maison de pauvre apparence ; elles filaient en devisant entre elles et en riant avec la plus adorable bonne humeur, avec la plus délicieuse