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liers vernis laissaient apercevoir de gros bas de laine. Des boucles d’oreilles et un collier en or forment, du reste, leur principal ornement ; quant à leur chevelure, elles la relèvent sur le sommet de la tête, puis l’attachent de la même façon que le faisaient autrefois les gardes françaises. On ne peut dire que leurs traits soient agréables, mais leurs formes sont assez belles pendant la première jeunesse.

Quand on a vu leurs habitudes laborieuses, l’ordre et la propreté qui règnent dans leurs ménages, et que l’on songe aux longs et durs travaux auxquels se livrent leurs frères et leurs maris, bûcherons, pilotes ou conducteurs de radeaux sur l’Ottawa, on est peu disposé à accepter l’accusation de paresse si souvent portée contre les pauvres Indiens.

Cascade de Montmorency (p. 255). — Dessin de Paul Huet d’après M. Deville.

L’Ottawa est tout à la fois le plus grand des tributaires du Saint-Laurent et le plus important au point de vue géographique. Son cours, remonté jusqu’à la hauteur du lac Nipissing, qui se déverse dans la grande baie de Géorgie, offre une voie bien plus directe que celle du Saint-Laurent, pour atteindre le lac Supérieur et les routes de la Colombie anglaise. Cette considération, jointe à la beauté du pays arrosé par l’Ottawa, aux richesses encore vierges de son vaste bassin, ont déterminé, depuis mon retour en Europe, la décision par laquelle le ministère anglais, d’accord avec la législature provinciale, a fait choix de la ville de Bytown, aujourd’hui cité d’Ottawa, pour y établir le siége du gouvernement canadien[1].

À peine rentré de mon excursion sur l’Ottawa, je

  1. Ottawa est dans une position peut-être plus pittoresque qu’aucune autre ville du nord de l’Amérique. Du sommet de Barrack-Hill, d’où l’on peut embrasser d’un seul coup d’œil les magnifiques chutes du fleuve avec leurs nuages d’écume neigeuse où se