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La Dominique et Sainte-Lucie exportent chacune annuellement six mille tonnes environ de sucre, la Martinique jusqu’à soixante mille.

C’est depuis 1814 que la Martinique et la Guadeloupe, avec l’îlot insignifiant de Marie-Galante, ont été politiquement séparées de la Dominique et de Sainte-Lucie, bien que ces deux îles soient toutes françaises par le langage, les mœurs, la religion et même en partie par les lois.

Au delà de ce groupe intéressant, nous rencontrons Barbados qui est comme la sentinelle avancée de la chaîne des petites Antilles : Barbados, île tout anglaise, fière de sa richesse ; puis Saint-Vincent qui jadis a, pendant quelque temps, appartenu à la France ; on côtoie ensuite le petit archipel des Grenadines jusqu’à Grenada, le quartier général des fruits de la terre, comme l’appelle M. Trollope, ou l’on mange les meilleurs ananas, oranges et mangos des Antilles. La capitale, Saint-George, est une ville bien bâtie : encore importante, bien que Grenada soit aujourd’hui bien déchue de son ancien rang. Nous arrivons enfin à la Guyane anglaise.

La Pointe-à-Pître à la Guadeloupe. — Dessin de M. de Bérard.


La Guyane anglaise. — Une sucrerie.

Cette colonie est divisée en trois provinces : Berbice, Demerara, Essequibo, qui prennent les noms des trois grandes rivières du pays. George-Town est la capitale de Demerara. La Guyane est une immense plaine de sol alluvial, d’une extrême fertilité : il n’y a d’autre limite à la production du sucre et du café que la quantité de main-d’œuvre disponible. Dès aujourd’hui la Guyane a quelque raison de se glorifier de ses efforts ; elle exporte plus de sucre et de rhum qu’aucune autre colonie des Indes Occidentales, Barbados fournit à l’Europe cinquante mille tonnes de sucre ; Trinidad et la Jamaïque moins de quarante mille ; la Guadeloupe un peu plus de cinquante mille ; la Guyane anglaise soixante-dix mille. Toute la contrée cultivée présente une particularité digne de notice. « Les transports se font par eau, non-seulement des sucreries à la ville, mais des champs aux sucreries et même de champ à champ. Tout le pays est coupé par des drains qui sont nécessaires pour l’écoulement des eaux superficielles ; il n’y a point de pente naturelle, et sans des digues et des coupures, le pays serait submergé pendant la saison des pluies. Parallèlement aux drains circulent les canaux : il y en a ordinairement un entre deux drains. Ces canaux ne séparent pas seulement de vastes champs et ne se trouvent pas à une très-grande distance les uns des autres ; ils traversent chaque parcelle de façon que les cannes, une fois coupées, ne sont jamais transportées qu’à très-petite distance. L’entretien de ces travaux est cher ; mais