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astronome découvrit la planète Cérès, est une des curiosités du palais royal.

La cathédrale est peu distante de ce palais avec lequel elle communiquait primitivement par un chemin couvert. Construite par l’archevêque Gauthier Offamilit et consacrée en 1185, elle a été refaite dans la plupart de ses parties à des époques postérieures. La façade principale et les grandes portes, avec des arceaux en ogive, des arabesques, des colonnes, et des inscriptions latines et arabes, donnent sur une place qui s’étend jusqu’à la rue du Cassaro. Une tour et une coupole surmontent l’édifice, que couronne dans toute sa largeur un feston dentelé. Deux larges arceaux à ogive unissent la cathédrale au beffroi. L’intérieur est à trois nefs ; on y remarque les colonnes de granit égyptien qui décorent les piliers, des statues en marbre blanc d’Antonio Gagini, le plus célèbre sculpteur sicilien, né à Palerme en 1480, mort en 1573, de jolis bas-reliefs, des tableaux de Vélasquez et d’un autre artiste sicilien, Pietro Novelli, dit le Morrealese ; j’y ai lu aussi le texte latin, écrit en caractères dorés sur marbre noir, d’une lettre que, suivant une tradition populaire, la mère du Christ aurait adressée aux habitants de Messine en réponse à une députation que ceux-ci lui avaient envoyée.

Ruines à Girgenti (Agrigente) (voy. p. 11). — Dessin de Rouargue.

En général une dévotion très-vive, mais très-peu éclairée, est le trait caractéristique des Palermitains et des autres Siciliens. Ils ont des notions assez vagues sur Dieu et sur Jésus-Christ, mais ils savent les noms des saints les plus puissants, le détail des miracles et des vertus curatives de chacun d’eux, et c’est avec pompe et avec bruit qu’ils les honorent. À toutes les fêtes, et les fêtes sont fort souvent répétées, on tend les églises de draperies rouges et ornées d’or et d’argent, on les illumine de myriades de cierges, on expose dans les rues des images sacrées, on allume des lampions, on tire des fusées et des pièces d’artifice, et la musique, fort aimée des Siciliens fait entendre ses joyeuses fanfares. La foule accourt, et promène à travers la ville, en chantant et en criant vivat, des reliques et des figures peintes ou sculptées.

Chaque ville de Sicile a adopté un saint qu’elle regarde comme son protecteur, qu’elle invoque dans le danger, dans les calamités, et qu’elle paye de ses bienfaits en amour, en honneurs et en présents. Palerme a choisi sainte Rosalie. C’était, dit la légende, une nièce du roi normand Guillaume le Bon, qui, renonçant à la vie mondaine, se retira dans une grotte solitaire du mont Pellegrino, et s’y voua à la contemplation et à la prière. Son corps, découvert en 1624, ayant été transporté à Palerme pendant qu’une peste terrible affligeait la ville, la peste cessa soudain. La grotte où elle a vécu et que la piété populaire a transformée en chapelle, est l’objet d’un pèlerinage très-célèbre (voy. p. 1). Sa fête annuelle,