se battaient contre leurs adversaires, quels qu’ils fussent ; quand ils se sentaient assez riches pour augmenter le nombre de leurs soldats, ils essayaient à leur tour de se rendre indépendants et d’asservir les bourgeois. C’était un tohu-bohu souvent impossible à comprendre. Cependant, après s’être tour à tour administré de sévères leçons, le chapitre et le peuple firent définitivement cause commune, et, n’étant pas assez forts pour triompher seuls de leur évêque, se donnèrent d’abord au pape, puis, cet appui leur ayant manqué lorsque le pape dut quitter Avignon, au dauphin, roi de France, Charles VI. Ainsi, dès les premières années du quinzième siècle (1404), le Diois fut réuni au Dauphiné.
Les querelles politiques apaisées, Die resta quelque temps tranquille ; mais les passions religieuses ne tardèrent pas à lui procurer les émotions fortes dont elle s’était montrée si avide pendant tant de siècles. Les catholiques et les protestants s’en emparèrent à tour de rôle, et y commirent d’odieux excès. Toutefois, la population plus éclairée commençait à se lasser de tous ces plaisirs sanglants. Quand l’édit de Nantes lui rendit la paix et lui garantit la liberté de conscience, elle employa toutes ses facultés à son développement physique, intellectuel et moral. Elle s’accrut en s’enrichissant par l’industrie et le commerce, et en s’efforçant d’augmenter le petit trésor de ses connaissances. Ses fabriques étaient renommées au loin ; on enseignait même les langues orientales dans son académie protestante. Malheureusement la révocation de l’édit de Nantes vint l’arrêter dans son essor. La moitié de ses habitants émigrèrent, et c’étaient, comme partout, les plus intelligents, les plus instruits, les plus industrieux. Elle ne s’est jamais relevée de ce coup fatal. Bien que Louis XIV lui eût rendu un évêché séparé que la Révolution a supprimé, aujourd’hui elle ne compte que trois mille neuf cent douze habitants. Elle est plus commerçante qu’industrielle, et on lui reproche de falsifier trop souvent, par amour du lucre, cette clairette qui lui a valu jadis une certaine réputation. Malgré ces petites tricheries sur la nature et la qualité des produits qu’elle livre à la consommation, elle s’est évidemment améliorée ; elle donne complétement raison aux défenseurs de la doctrine incontestable du progrès.
Die a conservé une partie de ses anciennes murailles, flanquées de tours, mais son église cathédrale, saccagée par les protestants, a été reconstruite au dix-septième siècle, telle qu’elle est aujourd’hui ; aussi offre-t-elle peu d’intérêt. Les antiquaires y sont généralement plus heureux que les archéologues, car ils y trouvent un grand nombre de fragments de colonnes, de pierres sculptées, de mosaïques, et ils peuvent en outre s’y procurer la satisfaction de déchiffrer, de copier, de traduire, de commenter cinquante-six inscriptions, sans compter celles qui sont encore enfouies dans les murailles ou sous le sol actuel, et qu’ils pourraient parvenir à déterrer s’ils les cherchaient