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qui l’accorde avec un empressement et une amabilité dont on doit lui garder une reconnaissance éternelle, mais qui malheureusement manque de tout ce qui lui serait nécessaire pour équilibrer le résultat avec sa bonne volonté. La maison de M. Belot mérite une courte description. Le rez-de-chaussée consistait en une pièce, tout à la fois ou tour à tour boutique, cuisine, salle à manger, cabaret et four. Au fond, un escalier de bois, noirci par la fumée comme les murs et le plafond, donnait accès à une grande salle d’un aspect non moins sombre, mal éclairée d’ailleurs par une fenêtre dont les vitres étaient en partie brisées. De longs bancs de bois et des tables de bois, qui portaient les traces trop évidentes de très-nombreuses libations, en formaient tout le mobilier. Une chambre, ouvrant sur cette salle, servait de logement à toute la famille composée alors du père, de la mère et de deux enfants.

Mme Belot était une petite femme active, intelligente et complaisante jusqu’au dévouement. Soit qu’elle se fût privée des deux paillasses sur lesquelles elle couchait, soit qu’elle en eût emprunté d’autres à quelque voisine, en moins d’une demi-heure elle nous eut installé à chacun un lit aux extrémités supérieures des deux tables, et mis un double couvert au milieu de l’une d’elles. En attendant le dîner, qu’elle nous promettait toutefois le plus tôt possible, nous descendîmes dans la rue pour respirer à notre aise l’air extérieur, car l’atmosphère de cette pièce avait été tellement viciée, pendant je ne sais combien d’années, par une si grande variété d’odeurs et d’émanations fétides, et se renouvelait en outre si difficilement, qu’on s’y sentait prêt à suffoquer. Mais le rez-de-chaussée nous présenta un spectacle qui devait nous y retenir assez longtemps.

Les Grands Goulets. — Dessin de Karl Girardet d’après M. A. Muston.

C’était le samedi, jour important pour le boulanger et