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Navigation sur le lac Tanganyika. — Dessin de Lavieille d’après Burton.


VOYAGE AUX GRANDS LACS DE L’AFRIQUE OCCIDENTALE,

1857 – 1859




Tatouage. — Cosmétiques. — Manière originale de priser. — Caractère des Ouajiji, leur cérémonial. — Ouatouta, vie nomade, conquêtes, manière de se battre, hospitalité.

« Beaucoup de Ouajiji sont défigurés par la petite vérole ; la plupart ont la peau couverte d’ampoules et d’éruptions de différente nature, et ils sont tous victimes d’une démangeaison chronique provenant, d’après les Arabes, de ce qu’ils se nourrissent de poisson gâté. Ils abusent du tatouage, sans doute pour se protéger contre l’humidité de l’atmosphère et la fraîcheur des nuits ; quelques-uns des chefs portent les cicatrices d’affreuses brûlures faites avec intention, sans préjudice des lignes, des cercles, des étoiles, qui décorent le dos, les bras et la poitrine de la plèbe. Hommes et femmes mettent leur joie et leur orgueil à ruisseler d’huile, et il est évident qu’ils n’envisagent pas la propreté comme une vertu. Il est rare qu’ils laissent pousser leur chevelure ; quelquefois, la tête est complètement nue ; mais la suprême élégance est de tailler les cheveux en petites houppes de fantaisie : croissants, pompons, cimiers et crêtes surgissant d’un crâne bien rasé. Divers enjolivements s’ajoutent à ces grains de beauté ; une fontange faite d’un parfilage de bois est très-bien portée par les deux sexes. Pas le moindre vestige de moustaches ni de favoris, qui sont arrachés avec des pinces ; il paraît d’ailleurs que le climat de cette région ne convient pas à la barbe. Celui qui peut avoir de la terre rouge, homme ou femme, s’en barbouille le visage, et se badigeonne la tête d’une couche de chaux, qui donne à la physionomie un cachet à la fois hideux et grotesque ; mais tout le monde n’est pas assez riche pour se procurer ces cosmétiques. Les chefs portent des étoffes coûteuses, qu’ils soutirent aux caravanes ; les femmes riches affectionnent la tunique dont, se parent celles de la côte ; quelques-unes l’ont en drap bleu ou rouge. Dans la classe inférieure le costume des hommes se réduit à une peau de chèvre, de mouton, de léopard, de daim ou de singe, nouée sur l’épaule, et dont la queue et les jambes flottent au gré du vent. Les femmes sans fortune suppléent à l’indienne qu’elles ne peuvent pas

  1. Suite et fin. — Voy. pages 305 et 321.