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La suprématie de ce nouvel empire sur les autres États de l’Indo-Chine ne se soutint pas longtemps après la mort de son fondateur, survenue en 1760. Dès 1786, les Siamois firent éprouver plusieurs échecs au quatrième fils et successeur du grand Alompra. Puis, avec le siècle actuel naquirent, entre les gouvernements d’Amarapoura et de Calcutta, des dissentiments qui, dès 1824, se traduisaient en hostilités ouvertes. Deux ans après, la guerre se terminait sous les murs de la capitale birmane assiégée, par la cession aux Anglais des provinces d’Assam, d’Araccam, de Tavai et de Merghi : une moitié de l’empire ! Vingt ans s’écoulèrent encore, et une violation inconsidérée de ce malheureux traité, par le huitième successeur d’Alompra, n’eut d’autre résultat que d’amener sa déposition, précédée de l’annexion du Pégu tout entier au territoire britannique. Depuis lors, les frontières sud de la Birmanie ne descendent pas au-dessous du dix-neuvième degré trente minutes de latitude.

Statue gigantesque de Bouddha à Amarapoura. — Dessin de Lancelot d’après H. Yule.

Le roi actuel de ce pays déchu, l’ex-prince de Mengoun, que les Anglais aiment à proclamer comme le plus respectable descendant d’Alompra, n’est pas de force à reconstituer l’œuvre de son glorieux aïeul. C’en est fait du rôle historique de la Birmanie. Elle glisse rapidement sur la pente rapide où se précipitent, à l’heure actuelle, les mœurs, les institutions, les hommes et les choses de l’antique Orient. Il en est de ces vieilles sociétés, ayant pour base l’esclavage des multitudes et pour couronnement la déification d’un despote, fils du ciel ou descendant du soleil, comme de ces gigantesques idoles bouddhiques, imposées à l’adoration de la foule et dont le revêtement d’or ne sert qu’a voiler les irréparables félures et les raccordements de plâtre.

Traduit par F. de Lanoye.


Voir : Recherches sur la géographie des anciens, par R. F. J. Gosselin, vol. III, Paris, 1813. — Marco Polo, édition de la Société de géographie de Paris. — Voyages de César-Frédéric, dans Purchass, vol. II, 1717. — Id., de Nicolo Conti dans Romusio, vol. I, 340. — History of the Discovery and conquest of India by the Portuguese, London, 1695, vol. II, 134-8. — Valentin, Description of the Dutch east Indies, 1726, vol. V, p. 126. — Dalrymple, Oriental repertory. — Symes, Account of an ambassade to Ava, 1800, in-4. — Hiram Cox, Journal of a résidence in the Burman empire, London, 1821, in-8. — J. Crawfurd, Journal of an ambassade to the court of Ava, 1829, in-8. — Burney, Journal to Ava, 1830. — Id. Historical Review of the political relations between the British government in India and the empire of Ava, 1834. — Rév. docteur Mason, Natural productions of Burma, Maulmain, 1850. — Colonel Hannay, A journey to the upper Irawady in 1835-36 (manuscrit).