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Le 20 septembre, je partis avec M. Oldham, qui se dirigeait sur l’Irawady pour visiter les couches de houille qui se trouvent situées à soixante-dix milles de la capitale. Le lendemain, le major Phayre eut avec le roi une entrevue, dont le major a bien voulu me communiquer les détails par écrit.

« Nous fûmes conduits, dit-il, dans la partie ouest du palais, et en approchant d’une allée qui paraissait devoir mener au jardin, je vis une foule de gens assemblés sous un bâtiment circulaire, où il y avait concours de danse et de musique. C’était la cour, et comme le roi était présent, je retirai mes souliers, et m’avançai en compagnie du woondouk, de M. Spears et de deux ou trois officiers birmans. En pénétrant dans l’assemblée, j’aperçus le roi assis sur un sofa exhaussé sur une estrade. On me fit avancer pour me placer parmi les ministres qui se tenaient à quelque distance du roi. Il y avait foule, et tout le monde était accroupi à terre, à l’exception des danseurs. Hors du bâtiment se tenaient les gardes en vestes rouges, avec leurs casques rouges en papier mâché, et leurs fusils, crosse à terre, entre leurs jambes croisées.

« On me fit savoir bientôt que le roi désirait me voir en particulier, et l’on me fit passer dans un autre appartement. Les gardes étaient groupés dans une verandah attenante. En entrant, je vis le roi mi-couché sur un sofa, habillé dans le costume du pays, avec un putso de soie, une ceinture de couleurs éclatantes, et une veste en coton, descendant à la hanche : sa tête était recouverte d’un simple bonnet.

« À l’autre extrémité de la chambre, on voyait dans un vase une imitation de fleurs de lotus ; à la gauche du roi, à quelque distance, une demi-douzaine de ses fils, bambins ou adolescents au-dessous de seize ans, se vautraient sur le tapis.

Canal d’irrigation dans le royaume d’Ava. — D’après une gravure de l’édition anglaise.

« Dans l’antichambre, une troupe de musiciens exécutait une douce musique sur des instruments à cordes. En m’asseyant près du vase à lotus, je m’aperçus que j’avais été suivi par un des awten-woons, et par quelques officiers et pages qui se blottirent dans un coin de la chambre, ce qui rendait l’audience aussi peu confidentielle que possible. Dès que nous fûmes assis, le roi leva la main et la musique cessa. Il me dit alors de regarder le vase au lotus, ce que je fis ; et alors je vis les boutons s’épanouir et de l’un d’eux un oiseau s’échapper. Le roi sourit et paraissait s’attendre à ma surprise aussi bien qu’à mon admiration, sentiments que je ne manquai pas de manifester. Un de mes voisins me dit que chaque bouton avait contenu un oiseau prisonnier, mais qu’a l’exception de celui-ci, les autres avaient trouvé moyen de s’échapper.

« Alors commença une conversation par demandes et réponses, qui se suivirent, autant qu’il me souvienne, dans l’ordre suivant :

Le roi. Connaissez-vous la littérature birmane ?

L’ambassadeur. J’en connais quelques ouvrages, Sire.

Le roi. J’ai entendu parler de vous il y a trois ans. Avez-vous lu le Mengula-Thoot ?

L’ambassadeur. Je l’ai lu, Sire.

Le roi. L’avez-vous bien compris ?

L’ambassadeur. Je l’espère, l’ayant lu dans une traduction birmane (l’original est en pali).

Le roi. Combien de préceptes contient-il ?

L’ambassadeur. Trente-huit.

Le roi. Très-bien ; vous les rappelez-vous ?

« Et comme le major hésitait et cherchait à excuser